La France demande à Barroso de « renoncer » à travailler pour Goldman Sachs
La France demande à Barroso de « renoncer » à travailler pour Goldman Sachs
Le Monde.fr avec AFP
Le socialiste Harlem Désir estime cette embauche « particulièrement scandaleuse, compte tenu notamment du rôle joué par cette banque dans la crise financière de 2008 ».
Cette nomination ne passe toujours pas. Le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Harlem Désir, a demandé « solennellement », mercredi 13 juillet devant les députés français, à l’ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso de « renoncer » à travailler pour la banque Goldman Sachs, et à Bruxelles de changer ses règles applicables aux anciens commissaires.
L’ancien premier ministre du Portugal (2002-2004), qui a présidé la Commission de 2004 à 2014, a été engagé par la banque d’affaires américaine pour la conseiller dans le contexte du départ annoncé du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Cette embauche « est particulièrement scandaleuse, compte tenu notamment du rôle joué par cette banque dans la crise financière de 2008 mais aussi du trucage des comptes publics de la Grèce », a estimé le responsable socialiste. Avant d’ajouter :
« Moralement, politiquement, déontologiquement, c’est une faute de la part de M. Barroso, c’est le pire service qu’un ancien président d’une institution européenne pouvait rendre au projet européen, à un moment de l’histoire où il a, au contraire, besoin d’être soutenu, porté et renforcé. »
Changer le « code de conduite »
Le secrétaire d’Etat a également demandé à Bruxelles de changer le « code de conduite », selon lequel les commissaires doivent, dans les dix-huit mois suivant la fin de leur mandat, demander une autorisation à leur ancien employeur avant de pouvoir rejoindre un groupe privé, mais qui ne prévoit rien au-delà. « Il faut étendre la durée d’interdiction à être embauché par une entreprise privée, élargir les incompatibilités, renforcer les contrôles », a commenté Harlem Désir.
« Il pourrait y avoir un organe indépendant au sein duquel serait représenté le Parlement dans toute sa diversité et des juristes internationaux pour évaluer les conflits d’intérêt et interdire ce genre d’embauche », a-t-il suggéré.
En France, plusieurs voix de gauche, jusqu’au sein du gouvernement, ont depuis samedi vivement critiqué cette embauche. Le secrétaire d’Etat français au commerce extérieur, le socialiste Matthias Fekl, a qualifié, dans un tweet, le Portugais de « représentant indécent d’une vieille Europe que notre génération va changer ».