Un nouveau pas vers la reconnaissance officielle du génocide des Herero et des Nama par l’Allemagne
Un nouveau pas vers la reconnaissance officielle du génocide des Herero et des Nama par l’Allemagne
Le Monde.fr avec AFP
Berlin prépare une déclaration commune avec la Namibie. Le texte serait approuvé par les deux Parlements. Plusieurs dizaines de milliers de Herero et Nama ont été victimes de la politique d’extermination ciblée par les troupes impériales allemandes.
La réconciliation officielle entre la Namibie et l’Allemagne pourrait être scellée d’ici la fin de l’année par une déclaration commune. L’Allemagne prévoit de présenter des excuses officielles pour l’élimination systématique des indigènes en Namibie issus des peuples Herero et Nama par les troupes impériales allemandes il y a un siècle, a indiqué mercredi 13 juillet le ministère des affaires étrangères.
« Nous avons pour objectif de parvenir à une déclaration gouvernementale commune [avec les autorités de Namibie] qui contiendrait une formulation commune sur les événements qui se sont produits et une excuse allemande qui serait acceptée par la Namibie et qui pourrait former la base d’une résolution des Parlements » des deux pays, a indiqué à la presse une porte-parole du ministère, Sawsan Chebli.
« Les deux parties espèrent que ces discussions seront achevées cette année », a-t-elle ajouté, tout en soulignant que de telles excuses officielles n’impliquaient pas à ce stade d’indemnisation. Les autorités allemandes parlent désormais de « génocide » à propos des massacres. Le terme avait été employé en 2015 par le président de la Chambre des députés, Norbert Lammert, et il a été répété mercredi par le gouvernement.
Camps de concentration
« Nous avons depuis longtemps parlé de génocide », a dit la porte-parole du ministère. Selon le président du Bundestag, l’Allemagne impériale a conduit en Namibie, à l’époque Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915), une « guerre raciale » pour réprimer un soulèvement Herero. Il a parlé de « dizaines de milliers de victimes Herero et Nama, non seulement dans les combats mais aussi à cause de maladies et de mises à mort ciblées liées à la privation d’eau et de nourriture » et affirmé que d’autres « sont morts dans des camps de concentration ou du travail forcé ».
Privés de leurs terres, de leur bétail et de tout moyen de subsistance en raison de la pression croissante des colons allemands et pressurés par l’administration coloniale, les Herero s’étaient révoltés le 12 janvier 1904, massacrant 123 civils allemands.
La guerre a culminé avec la bataille de Waterberg qui eut lieu en août 1904 à environ 200 kilomètres de la capitale Windhoek. Les Herero décidèrent de fuir vers l’Est avec femmes et enfants pour gagner le Botswana voisin, poursuivis par les troupes allemandes à travers les étendues désertiques de l’actuel Kalahari, où seuls 15 000 survécurent sur 80 000.
En octobre 1904, le commandant militaire de la colonie, le général Lothar von Trotha, décidait d’exterminer les Herero, décrétant que « dans les frontières [coloniales] allemandes, tout Herero avec ou sans arme, avec ou sans bétail, devait être abattu ».
Depuis 2011, l’Allemagne a restitué à la Namibie plusieurs dizaines de crânes de guerriers Herero qui avaient été ramenés à Berlin pour des expériences censées prouver la supériorité des Blancs sur les Noirs.