Le Drian tacle Macron : « Il n’y a pas de ménage à trois » à la tête du pays
Le Drian tacle Macron : « Il n’y a pas de ménage à trois » à la tête du pays
Le Monde.fr avec AFP
En réaction au meeting d’Emmanuel Macron organisé mardi, le ministre de la défense a invité jeudi son turbulent collègue à « jouer collectif ».
Après les manifestations d’agacement de Manuel Valls, c’est au tour de Jean-Yves Le Drian de tancer Emmanuel Macron, en raison de l’organisation de son meeting mardi 12 juillet à la Mutualité, à Paris, durant lequel le ministre de l’économie a laissé planer le doute sur une éventuelle candidature à la présidentielle. Le ministre de la défense a invité, jeudi 14 juillet, son collègue à « jouer collectif », soulignant, sur RTL, qu’il y avait une « chaîne de commandement à deux » et non un « ménage à trois » à la tête de l’exécutif.
« Il y a une chaîne de commandement dans ce pays. Il y a un président de la République, il y a un premier ministre. Il n’y a pas de ménage à trois. »
« Jouer collectif »
Cette « chaîne de commandement à deux fonctionne », a ajouté ce fidèle du chef de l’Etat, alors que le ministre de l’économie entretient le suspense sur une éventuelle candidature à la présidentielle de 2017. Filant la métaphore sportive, au lendemain de l’Euro de football, M. Le Drian a relevé que les « joueurs [en l’occurrence, les ministres, ndlr] doivent jouer collectif ».
« Dans une équipe gouvernementale, il y a un entraîneur qui est le chef de l’Etat, qui donne le cap, qui donne la ligne. Il y a un capitaine, c’est Manuel Valls. C’est lui qui anime l’équipe. »
« Et le meilleur joueur, y compris à l’Euro, s’il joue tout seul ne marque pas. Donc moi je souhaite qu’Emmanuel Macron soit bien dans le collectif de l’équipe », a poursuivi le ministre de la défense. Interrogé sur une éventuelle sortie du gouvernement et candidature présidentielle du ministre de l’économie, M. Le Drian a répondu : « Cela n’empêche pas aussi, quand le meilleur joueur n’est plus là, de gagner. »
Face aux défis sécuritaires, économiques et européens avec le Brexit, « que chacun soit à sa tâche », a-t-il dit. « Les Français pourront juger, quand le moment sera venu, qui est le meilleur pour l’élection présidentielle ».
Lâché par le gouvernement
Rythmé par les déclarations de rupture et de provocations, le meeting d’Emmanuel Macron de mardi soir a suscité des réactions peu amènes, mercredi 13 juillet. Le premier ministre, Manuel Valls, qui avait déjà sévèrement critiqué le ministre de l’économie avant son meeting, l’a accusé, mercredi, de « céder aux sirènes du populisme » en dénonçant un « prétendu système ».
« Il faut éviter de s’égailler, de se disperser », a, quant à lui, lâché le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, lors du compte rendu du conseil des ministres. « Par respect pour les autres ministres, il faut que Macron travaille », a commenté sur RMC son autre collègue du gouvernement Annick Girardin, ministre de la fonction publique.
Hollande impassible
Interrogée sur France Inter, la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, s’est dite « étonnée » face à « quelqu’un qui se présente comme antisystème », alors qu’il est « énarque, qu’il vient d’une banque d’affaires, a été conseiller du président de la République et a mis [en place] une bonne partie de la politique économique du pays, qui n’a pas produit d’effet et était plutôt en soutien de l’austérité ». Un point de vue partagé par la ministre Emmanuelle Cosse, qui a jugé sur France Info « un peu faciles les critiques antisystème, quand on est totalement du système ».
Si de nombreux élus ont réagi de meeting d’Emmanuel Macron, M. Hollande est resté, jusque-là, impassible. M. Le Foll a d’ailleurs assuré que « le meeting de la Mutualité » n’avait pas été évoqué lors du conseil des ministres mercredi, avant de préciser que « le président aurait l’occasion de s’exprimer », notamment sur ce sujet, lors de la traditionnelle interview du 14 Juillet.