Le 20 juillet 2015, Cuba et les Etats-Unis rouvrent leurs ambassades, après cinquante-quatre ans de gel des relations diplomatiques. Depuis fin 2014 et l’annonce du rapprochement entre les deux pays, des changements, parfois timides, ont vu le jour. Tour d’horizon de cinq composantes de ces relations.

  • Relations diplomatiques
  • Economie
  • Commerce
  • Tourisme
  • Droits de l’homme

Les présidents américain et cubain Barack Obama et Raul Castro à La Havane, le 21 mars. | © Carlos Barria / Reuters / REUTERS

En mai 2015, les Etats-Unis ont retiré Cuba de la liste noire des « Etats soutenant le terrorisme ». Washington et La Havane ont aussi trouvé un accord sur la liberté de mouvement et d’action des diplomates américains sur tout le territoire cubain, sans que ceux-ci aient à passer par une demande d’autorisation préalable pour chaque déplacement hors de la capitale.

Depuis fin 2014, les Etats-Unis et Cuba ont ouvert des négociations dans plusieurs domaines (droits de l’homme, télécommunications, lutte contre le trafic de drogue, protection de l’environnement…).

Les relations entre les deux pays restent toutefois difficiles. Le président américain Barack Obama s’est rendu en mars à La Havane pour « enterrer le dernier vestige de la guerre froide dans les Amériques » et y a notamment livré un plaidoyer pour la liberté d’expression et l’organisation d’élections démocratiques.

Mais cette visite a été commentée durement, a posteriori, par l’ancien président et « père » de la révolution cubaine, Fidel Castro, qui a rappelé les contentieux passés et présents entre les deux pays.

Un mois après le passage de M. Obama, les Etats-Unis ont même été désignés comme « l’ennemi », lors du congrès du Parti communiste de Cuba (PCC, au pouvoir).

Cuba s’est engagée depuis plusieurs années dans une « modernisation » de son économie. L’île est confrontée à des difficultés économiques et a observé une croissance moins élevée que prévue début 2016, notamment en raison des baisses de livraison de pétrole du Venezuela.

Le 13 juillet, le ministre de l’économie Marino Murillo a quitté ce poste pour prendre la tête d’une commission chargée de piloter des réformes en vue de la transition vers une économie de marché.

Car la libéralisation du pays avance lentement. Fin 2010, le régime avait autorisé les Cubains à exercer 201 métiers ou activités à leur propre compte, pour dégraisser l’Etat, dont les ressources ont fondu après la fin de l’Union soviétique. Cette réforme a permis de faire émerger un embryon d’économie marchande. Mais la méfiance du régime reste totale. Lors du congrès du Parti communiste de Cuba, le président Raul Castro a par exemple rejeté «  les formules néolibérales de privatisation du patrimoine de l’Etat  ».

Si, lors de sa visite à Cuba, M. Obama avait rencontré des autoentrepreneurs et promis le soutien des Etats-Unis, le gouvernement cubain entend toujours limiter l’extension du secteur « non étatique ». Le pays peine par ailleurs à attirer les investisseurs étrangers.

Le commerce entre les Etats-Unis et Cuba reste limité. Un certain nombre de restrictions commerciales contre l’île (dans les télécommunications, pour les envois d’argent, dans l’agriculture) ont bien été levées à l’initiative de la Maison Blanche.

Mais l’embargo américain, en place depuis 1962, n’est pas formellement levé : sa suppression ne peut être décidée que par le Congrès, où la majorité, républicaine, reste hostile au rapprochement avec La Havane.

Des entreprises comme Netflix et Airbnb ont toutefois pu étendre leurs activités sur l’île, en autorisant le paiement uniquement avec des cartes de crédit issues de banques étrangères.

La chaîne hôtelière Starwood a par ailleurs inauguré, fin juin, un hôtel à La Havane, marquant le retour d’une multinationale américaine dans la capitale cubaine pour la première fois depuis 1959.

Les croisières américaines à Cuba ont repris en mai 2016. | © Alexandre Meneghini / Reuters / REUTERS

Le nombre de touristes américains en visite à Cuba a explosé depuis l’apaisement des relations entre les deux pays. En 2015, selon le ministère cubain du tourisme, 161 233 Américains se sont rendus sur l’île, soit une hausse de 76 % par rapport à 2014. Au cours du premier trimestre 2016, ils étaient 71 800. Les Américains ne constituent cependant qu’une petite part des 3,5 millions de touristes qui ont visité Cuba en 2015.

Depuis que les deux pays ont entamé un rapprochement, fin 2014, les procédures de voyage pour les Américains qui souhaitent se rendre à Cuba ont été simplifiées. Les touristes doivent certes toujours remplir un document pour attester qu’ils appartiennent à une des douze catégories autorisées (médecin, famille, aide humanitaire, recherche, projet éducatif ou sportif…) et signer un formulaire du bureau américain pour le contrôle des avoirs étrangers (OFAC), mais ils ne doivent plus fournir de justificatifs pour leurs déplacements.

Le tourisme devrait continuer à progresser : les croisières ont repris en mai, et les vols réguliers entre les Etats-Unis et Cuba doivent être rétablis à l’automne.

Dans le cadre du dégel entre Washington et La Havane, Cuba avait promis la libération de prisonniers politiques. Cinquante-trois personnes sont sorties de prison début 2015. Mais le sujet reste sensible. Lors de la visite de Barack Obama en avril, le président Raul Castro s’était montré passablement énervé quand un journaliste avait soulevé la question. « Donnez-moi la liste immédiatement pour que je les libère […] Quels prisonniers politiques ? S’il y en a, ils seront libérés avant la tombée de la nuit ! » avait-il lancé.