Dans l’usine LU, à la Haye-Fouassière, près de Nantes. Au deuxième trimestre 2016, le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière a augmenté de 1,1 point, pour atteindre 83,4 %, au plus haut depuis octobre 2008. Cela signale que « l’appareil de production est davantage sollicité », explique l’Insee. | DAMIEN MEYER / AFP

Cela peut paraître paradoxal, voire incongru. Malgré le Brexit, les attentats ou la croissance mondiale en berne, les indicateurs de l’Insee pour la France, publiés jeudi 21 juillet, sont plutôt encourageants.

Le climat des affaires, reflet du moral des chefs d’entreprises, s’est ainsi amélioré en juillet dans l’Hexagone, en particulier dans le commerce de détail et les services. Il a regagné deux points pour s’établir à 102 points, retrouvant son niveau du mois de mai, après un recul ponctuel en juin, notamment après les grèves contre la loi travail intervenues en mai.

« Concernant les prochains mois, les trois soldes relatifs aux prévisions de ventes, aux intentions de commandes et aux perspectives générales d’activité augmentent légèrement », indique l’Insee.

« Il est surprenant de ne voir dans cet indicateur aucun effet Brexit [vote britannique en faveur de la sortie de l’Union européenne du 23 juin] », nuance Axelle Lacan, économiste à l’institut de conjoncture Coe-Rexecode. En comparaison, le moral des investisseurs allemands est tombé en juillet à son plus bas niveau depuis novembre 2012, selon le baromètre ZEW publié le 19 juillet.

« Une reprise molle »

Autre élément positif pour la France : au deuxième trimestre 2016, le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière a augmenté de 1,1 point, pour atteindre 83,4 %, au plus haut depuis octobre 2008. Cela signale que « l’appareil de production est davantage sollicité », explique l’Insee.

« C’est la confirmation du léger mieux constaté depuis le début de l’année. L’amélioration du taux d’utilisation des capacités de production, couplée à la hausse des profits des entreprises, est de bon augure pour l’investissement, même si ce taux reste inférieur à sa moyenne de long terme, qui est de 84,5 % », explique Mme Lacan.

« Ces signaux confirment que nous sommes dans une situation de reprise économique. Certes, il s’agit d’une reprise molle. Mais le cercle vertueux est en train de s’enclencher. L’incertitude est aujourd’hui davantage politique qu’économique », souligne pour sa part Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Les perspectives d’embauches et d’investissement sont également en hausse en juillet dans les services, domaine clef de l’économie tricolore. « Il y a certainement eu un effet Euro de foot, notamment pour le secteur hébergement-restauration, et l’amélioration reste modeste. Mais le retour de l’investissement et de l’emploi permet d’être raisonnablement optimiste » pour la conjoncture hexagonale, estime M. Plane.

Baisse des prix et du pétrole et de l’euro

Selon lui, la France récolte aujourd’hui les effets positifs de la baisse passée du prix du pétrole et de la devise européenne. « Le prolongement du mécanisme fiscal de suramortissement et de la prime à l’embauche dans les PME jusqu’à fin 2017 [annoncés fin juin par François Hollande], ainsi que le relèvement du montant du CICE à 7 % de la masse salariale l’an prochain [contre 6 % actuellement] sont également appréciables », indique M. Plane.

Pour l’économiste de l’OFCE, « les conséquences du Brexit ne devraient pas remettre en cause la croissance française cette année ». Quant aux attentats et à l’angoisse qu’ils peuvent générer, « cela pourrait avoir des conséquences à long terme sur l’attractivité de la France, mais cela ne jouera qu’à la marge sur l’activité générale et le niveau de PIB à court terme », estime M. Plane.

« Par le passé, les épisodes d’attentats n’ont pas laissé de trace durable au niveau économique. Le problème est aujourd’hui qu’ils se répètent régulièrement », prévient toutefois Mme Lacan.

Cela laisse craindre, selon elle, un essoufflement de la consommation des ménages, premier moteur de la reprise. « D’autant que la remontée à attendre du prix du pétrole devrait faire rebondir l’inflation et donc limiter le pouvoir d’achat des Français », anticipe Mme Lacan.

Le PIB tricolore, qui avait crû plus que prévu au premier trimestre (+ 0,6 %), devrait marquer le pas, par contrecoup, à + 0,3 % au deuxième trimestre, selon les anticipations de l’Insee, qui publiera ce chiffre vendredi 29 juillet. L’Institut table sur une hausse de 1,6 % de la croissance tricolore en 2016. Fin juin dans Les Echos, M. Hollande avait assuré que la croissance serait « supérieure à 1,6 % cette année ».