Le marché mondial de l’art a connu un trou d’air en début d’année
Le marché mondial de l’art a connu un trou d’air en début d’année
Par Jérôme Porier
La raréfaction des ventes de chefs-d’œuvre pèse sur l’activité des maisons d’enchères en Occident. La Chine reprend aux Etats-Unis la place de leader mondial.
Une vente aux enchères chez Christie's, à New York, en 2015. | TIMOTHY A. CLARY/AFP
Le marché de l’art a démarré poussivement en 2016. Au premier semestre, le volume des ventes aux enchères publiques a baissé de 15 % par rapport aux six premiers mois de 2015, à 6,53 milliards de dollars (5,94 milliards d’euros), selon un communiqué publié le 24 juillet par Artprice, entreprise française de cotation du marché de l’art sur Internet. « Ce segment représente entre 20 % et 25 % des achats d’œuvres d’art dans le monde », précise Thierry Ehrmann, président et fondateur de la société.
Le nombre de transactions a néanmoins progressé de 2,3 %. « Le volume d’activité a pâti de la raréfaction des ventes de chefs-d’œuvre en Occident. La contraction paraît d’autant plus forte que les années 2014 et 2015 avaient débuté de manière exceptionnelle », ajoute M. Ehrmann.
Détrônée l’an dernier par les Etats-Unis, la Chine a retrouvé sa place de leader sur le marché mondial de l’art. Avec un volume d’activité de 2,1 milliards d’euros (+ 20 %), l’Empire du Milieu représente 35,5 % des enchères publiques dans le monde, contre 26,8 % pour les Etats-Unis. En Chine, la demande reste soutenue pour l’art ancien, un segment devenu marginal en Occident.
Le pays profite aussi du dynamisme de Hongkong (+ 10 %), la seule grande place de la planète à poursuivre sa croissance. En revanche, New York (– 49 %) et Londres (– 30 %) affichent des replis spectaculaires. « Il s’agit d’un trou d’air, relativise M. Ehrmann. Dans un contexte de taux d’intérêt au plancher, les vendeurs se disent qu’ils ont intérêt à conserver leurs plus belles pièces car l’art va devenir un placement de plus en plus rentable. »
En Grande-Bretagne, Christie’s n’a ainsi enregistré que douze ventes supérieures à dix millions de dollars au premier semestre, contre trente et une sur les six premiers mois de 2015. « La pénurie d’œuvre d’art de premier plan est réelle, insiste Thierry Ehrmann. Environ sept cents musées sont créés chaque année. Pour attirer des visiteurs venus des cinq continents, ils doivent proposer trois ou quatre œuvres à plus de cinquante millions de dollars. C’est pourquoi je prédis qu’une œuvre atteindra bientôt la valeur d’un milliard de dollars ! »
Avec 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, la Grande-Bretagne occupe le troisième rang mondial sur le marché de l’art, loin devant la France, quatrième avec un produit de 274 millions d’euros. Selon M. Ehrmann, le vote des Britanniques en faveur du Brexit aura peu d’incidences, car les flux entre l’Angleterre et le continent sont faibles.
Au premier semestre, Pablo Picasso est l’artiste qui a généré le montant d’enchères le plus important (178,7 millions d’euros), devant les peintres chinois Zhang Daqian (164,5 millions d’euros) et Wu Guanzhong (93,4 millions d’euros), suivi de Jean-Michel Basquiat (92,6 millions d’euros).