L’émission « Bruno dans la radio » depuis le rooftop de l’Ushuaïa Beach Club Hôtel à Ibiza. De gauche à droite: Elliot, Vacher, Christina Guilloton et Bruno Guillon. | Little Shao

Même si le soleil n’est pas encore levé, on devine au loin l’imposante citadelle d’Ibiza. En cette fin juin, Fun Radio a vu les choses en grand. Outre la joyeuse bande de « Bruno dans la radio » qui s’est installée sur le roof top d’un hôtel branché de l’île des Baléares, ce sont presque tous les programmes de la station qui ont été délocalisés pendant deux jours. « Il s’agit de la plus grosse opération de ce type que nous ayons jamais réalisée », se félicite Sébastien Joseph, le directeur d’antenne de Fun. La plupart des animateurs ainsi que la quasi-totalité du personnel font partie du voyage. De même que quelques auditeurs que la radio a emmenés avec elle.

C’est la deuxième fois que la radio prend ses quartiers sur l’île espagnole. « Ibiza est un marqueur d’image. Ce lieu véhicule l’image de soleil, de fête, de musique dance électro », souligne Sébastien Joseph. Délocaliser l’antenne est devenu une habitude pour la station aux sonorités dance floor. Ainsi, Bruno Guillon s’est déjà rendu à Limoges, Lille ou encore Saint-Jean-d’Angély, sa ville natale. « Cela crée du lien avec les gens. On vient prendre les auditeurs par la main, un par un, explique encore le directeur d’antenne. Il est important de savoir comment ils vivent, comment ils s’habillent ou ce qu’ils aiment. Lorsque Bruno se déplace, il peut rester jusqu’à 13 heures pour faire toutes les photos possibles avec le public ou signer des autographes. On assume complètement ce côté radio de province. D’ailleurs, nos auditeurs en sont issus à 90 %. »

L’été, période propice aux déplacements

Les stations musicales multiplient de plus en plus les déplacements. Ainsi, le 24 juin, alors que Bruno Guillon était aux Baléares, Camille Combal, qui officie sur Virgin Radio à la même heure, organisait une pool party dans une villa du sud de la France, près d’Aix-en-Provence. Ce dernier se déplace régulièrement en région et parvient à réunir plusieurs milliers de spectateurs à des heures très matinales. « Il faut sortir la marque car il est important qu’elle soit visible. En outre, cela renforce la proximité avec les auditeurs », s’enthousiasme Frédéric Pau, directeur des programmes de Virgin Radio. Chez NRJ, les antennes locales installent, deux fois par mois en moyenne, des studios dans des restaurants ou des bars pour y recevoir des artistes.

« On corrige ainsi le reproche que certains font souvent à France Inter de ne s’adresser exclusivement aux Parisiens »
Leïla Kaddour-Boudadi
animatrice France Inter

Pas question cependant de faire « de la délocalisation pour de la délocalisation », comme le précise Frédéric Pau. Le choix des villes obéit également à des considérations stratégiques : « Soit pour conforter une position où nous sommes forts, soit parce que nous jugeons qu’il faut nous développer », explique Sébastien Joseph. « Attention, se délocaliser, c’est bien, mais il ne faut jamais oublier qu’on est à la radio. Il faut expliquer à l’antenne ce qui se passe pour ne pas être excluant », souligne Bruno Guillon, qui rêverait de sortir de son studio parisien une fois par mois.

L’été est une période particulièrement propice aux rencontres, même si elles ne sont pas forcément retransmises à l’antenne. Ainsi, NRJ organise son « Summer Tour », du 27 juillet au 16 août, dans douze stations balnéaires. Fun Radio s’est associée avec une marque de soda pour faire la tournée des plages ; tout comme RTL2, qui propose un événement similaire. Virgin Radio est présente sur une douzaine de festivals. France Musique, quant à elle, a transporté sa matinale à Montpellier pendant deux jours à l’occasion du Festival Radio France.

Toute la famille dans Bruno Dans La Radio
Durée : 03:02

Si pour les radios généralistes les délocalisations sont souvent liées à l’actualité, certaines d’entre elles sont présentes sur des événements estivaux. Telle Europe 1, qui a retransmis quelques-unes de ses émissions lors du festival des Vieilles Charrues de Carhaix (Finistère) ; ou RTL, partenaire du Festival de jazz de Juan-les-Pins, qui sera également présente au Festival du film francophone d’Angoulême à travers l’émission de Sidonie Bonnec et Thomas Hugues « La curiosité est un vilain défaut » (du lundi au vendredi, de 11 h 30 à 12 h 30, pendant l’été). « Nous choisissons des événements majeurs car la délocalisation ne doit pas devenir une habitude, sinon l’antenne en souffre ; rien ne vaut la sonorité d’un studio », juge Jacques Expert, directeur des programmes de RTL.

Leïla Kaddour-Boudadi, animatrice du « Mag de l’été » sur France Inter, assume le bruit des grillons qui a accompagné sa délocalisation au Festival d’Avignon. Depuis le début de l’été, celle qui officie du lundi au vendredi à 18 heures a transplanté son émission à Arles, à La Rochelle, puis à Paris Plages avant Bruxelles. « On corrige ainsi le reproche que certains font souvent à France Inter de ne s’adresser exclusivement qu’aux Parisiens », note-elle avec humour, ajoutant : « Cela fait partie du cahier des charges de nous déplacer au plus près de l’actualité culturelle. On n’interroge pas un artiste de la même manière, surtout lorsqu’il s’apprête à entrer en scène. On ne fait pas non plus la même émission ; on s’autorise plus de flexibilité et de liberté. »