Vivarte une fois encore aux prises avec sa dette
Vivarte une fois encore aux prises avec sa dette
Par Nicole Vulser
La direction du groupe spécialisé dans l’habillement et les chaussures a annoncé, lundi, avoir été placé sous mandat ad hoc. Une procédure qui a pour but de permettre la restructuration de la dette de l’entreprise.
L’enseigne La Halle fait partie du groupe Vivarte. | DAMIEN MEYER / AFP
Tenter une nouvelle fois de faire dégonfler une dette trop importante. Le tribunal de commerce de Paris a donné son accord pour que le groupe Vivarte (La Halle, La Halles aux chaussures, André, Caroll, Minelli, Chevignon, Naf Naf, Kookaï…) soit une nouvelle fois mise sous mandat ad hoc. Cette procédure préventive et confidentielle de règlement amiable des difficultés a pour but de rétablir la situation d’une entreprise en difficulté avant qu’elle ne soit en cessation de paiement.
C’est l’administratrice judiciaire Hélène Bourboulou qui a été une nouvelle fois choisie et acceptée par les membres du conseil d’administration, pour ce rôle qu’elle avait déjà tenu dans le groupe en 2014.
Lundi 25 juillet, un comité de groupe extraordinaire a informé les représentants des salariés de cette nomination, qui vise surtout à restructurer la dette du spécialiste de l’habillement. En 2014, les actionnaires du groupe ont pourtant déjà abandonné une première fois 2 milliards d’euros de dettes sur un total de 2,8 milliards pour éviter la liquidation. Une opération alors inédite en France par son ampleur.
Un endettement total de plus de 1,5 milliard d’euros
Quatre fonds – Oaktree, Babson, Alcentra et Golden Tree – étaient devenus les actionnaires de référence du groupe, en conservant donc 800 millions d’euros de dettes, et en injectant 500 millions d’euros de liquidités. Un prêt que Vivarte doit rembourser avec des intérêts extrêmement élevés, de 11 % par an.
Si bien qu’aujourd’hui, la dette de Vivarte grossit une nouvelle fois à vue d’œil et les seuls intérêts représentent déjà quelque 200 millions d’euros. Autant dire que l’endettement total du groupe a aujourd’hui dépassé les 1,5 milliard d’euros. C’est trop pour ce groupe de vêtements et de chaussures bon marché qui subit de plein fouet la concurrence des enseignes comme H&M, Primark, Gémo…
Stéphane Maquaire, le PDG du groupe depuis avril affirme que cette procédure a été choisie « alors qu’il n’y a pas urgence » et que les intérêts de la dette pourront être payés jusqu’en 2020. « Je prends acte de la situation de surendettement du groupe », dit-il au Monde. Il concède que le résultat brut d’exploitation (Ebitda) devrait se situer à 75 millions d’euros pour l’exercice 2015/2016 qui s’achèvera fin août. Un niveau équivalent à celui de l’exercice précédent, mais bien loin de celui de 2012 (390 millions d’euros).
De même, le PDG table sur un chiffre d’affaires « à peu près stable » à 2,3 milliards d’euros, alors qu’il atteignait 3,1 milliards en 2012.
Assainir le bilan
Les quatre fonds actionnaires auraient donné leur feu vert pour assainir le bilan de l’entreprise. Mais ils ne détiennent que 40 % de la dette de 800 millions d’euros, il faudra encore persuader une centaine de créanciers de faire des efforts.
M. Maquaire a dû mettre de l’eau dans son vin. Il s’était unanimement mis à dos les syndicats en annonçant une fusion de la Halle Chaussures et de La Halle Vêtement, qui risquait de s’accompagner de la fermeture d’une centaine de magasins sur 620.
L’ancien patron de Monoprix n’évoque désormais qu’« un rapprochement » et assure que « son plan stratégique » ne sera pas finalisé avant « la fin de l’été ». « Il existe plusieurs hypothèses, aucune n’est définitive », tempère-t-il. Une manière de tendre aussi la main à Oaktree, qui semblait également très hostile à un tel projet de fusion. En revanche, la cession de Kookaï, Chevignon et Pataugas a été engagée et n’est donc pas négociable. De même celle de Defi Mode qui est quasiment actée.
Les relations se sont normalisées avec les représentants du personnel et des syndicats, reçus enfin, après avoir essuyé plusieurs refus, en comité de groupe extraordinaire le 21 juillet puis lundi 25 juillet. Ce qui n’empêche pas Karim Cheboub, secrétaire du comité de groupe Vivarte et coordinateur CGT, d’assurer : « Nous nous inquiétons de ce processus de restructuration de la dette puisque à chaque fois les créanciers demandent en contrepartie de nouveaux licenciements et des cessions de filiales. » Or Vivarte qui comptait 19 000 salariés voici quatre ans n’en compte déjà plus, selon la CGT, que 15 000.