Un avion Air france, le 10 février 2015 qui décolle de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. | PASCAL PAVANI / AFP

Plus de 10 % des vols seront annulés, mercredi 27 juillet, pour la première journée de la grève des hôtesses et stewards d’Air France. Le mouvement doit durer sept jours. Ces derniers sont opposés au renouvellement de l’accord d’entreprise qui fixe notamment leurs règles de rémunération, de travail et de carrière.

La compagnie aérienne a revu à la hausse ses prévisions pour la journée de mercredi. 87 % des vols devraient être assurés dans l’ensemble du réseau. Dans le détail, la compagnie maintient 92 % des vols long-courriers, 90 % des vols intérieurs et plus de 80 % des moyen-courriers à Roissy Charles-de-Gaule.

  • La durée de l’accord, pomme de discorde

Le conflit porte moins sur le contenu de l’accord que sur sa durée (dix-sept mois), jugée « insuffisante » pour les syndicats qui réclament trois à cinq ans, voire un accord à durée indéterminée comme les autres catégories du personnel.

Hôtesses et stewards avaient accepté il y a trois ans des mesures de productivité pour permettre à la compagnie, en difficulté, de se redresser. Accepter de prolonger l’accord existant est déjà une preuve de bonne volonté, affirment les syndicats, alors qu’Air France a renoué en 2015 avec les bénéfices.

« Après 220 millions d’euros d’économies et de productivité réalisés entre 2013 et 2015 par les PNC entraînant la suppression de plus de 2 000 postes et permettant le redressement de la compagnie, l’entreprise refuse aujourd’hui de protéger notre population pour une durée supérieure à dix-sept mois », s’indignent l’UNSA-PNC et le SNPNC-FO.

Dans Le Parisien, le président d’Air France Frédéric Gagey se justifie par le besoin de « garder une certaine souplesse » dans le domaine ultra-concurrentiel de l’aérien « soumis à des aléas, notamment économiques ».

En acceptant un accord de dix-sept mois, les syndicats craignent que l’entreprise n’utilise « le moindre retournement de tendance » pour reprendre les négociations, dans un an, avec des exigences beaucoup plus élevées.

  • Pourquoi une grève maintenant ?

Les négociations ont débuté au printemps entre la direction d’Air France et les trois syndicats représentatifs (SNPNC-FO, UNSA-PNC et UNAC) en vue de bâtir un nouvel accord d’entreprise, l’actuel arrivant à échéance le 31 octobre.

Le SNPNC et l’UNSA, 45 % des voix à eux deux, ont lancé leur appel à la grève début juin, reprochant à la direction de « refuser de prendre en compte toute revendication » et « de persister dans des demandes inacceptables », telles qu’une baisse de rémunération équivalente à « un mois de salaire par an », selon eux. L’UNAC s’y est associée dans un premier temps.

  • La grève était-elle évitable ?

Pour déminer une grève en plein chassé-croisé estival, la direction a proposé le 1er juillet de reconduire jusqu’en mars 2018 l’accord existant, « avec certaines modifications mineures », selon elle. L’UNAC a reporté son préavis à mi-octobre, saluant des « avancées (…) loin d’être négligeables », sans pour autant signer le texte.

Vendredi 22, la direction espérait encore la levée des autres préavis, après de nouvelles concessions : une meilleure stabilité du planning sur long-courrier, des réductions d’équipage sur moyen-courrier revues à la baisse, ou encore une indemnité transport (pour les salariés habitant loin de l’aéroport) revue à la hausse, cette seule mesure étant estimée à 4 millions d’euros par an.

Des « mesurettes », ont répondu les syndicats en maintenant leur préavis, provoquant la colère du PDG. Faire grève en plein été est une « véritable aberration » qui fait courir le « risque de compromettre le redressement d’Air France », selon Frédéric Gagey.

La direction estime avoir « tout mis sur la table » pour l’éviter, en répondant « intégralement ou partiellement » à l’ensemble des exigences portées par les syndicats. Sauf à celle, centrale, portant sur la durée de l’accord. Elle n’a pas l’intention de négocier pendant la grève.