Le demi-frère d’Obama vote Donald Trump
Le demi-frère d’Obama vote Donald Trump
Par Bruno Meyerfeld (Nairobi, correspondance)
Citoyen américain et kényan, Malik Obama a publiquement exprimé son soutien au candidat du Parti Républicain.
Chaque famille a son mouton noir. Chez les Obama, c’est Malik qui tient le rôle. Le demi-frère du président américain a en effet annoncé en début de semaine quel serait son choix aux prochaines élections présidentielles américaines. Il compte voter… Donald Trump.
« Il a mon vote », a promis Malik Obama, cité par l’AFP. Le choix du demi-frère du président est motivé par un embrouillamini de raisons à la fois politiques et personnelles. « Trump est un mec vraiment cool, et je l’aime parce qu’il parle avec son cœur et qu’il a les pieds sur terre (…) Ce gars parle avec le cœur et vous pouvez voir qu’il est très honnête », a-t-il expliqué.
Malik Obama, qui dispose de la double citoyenneté américaine et kényane, ne se contente pas d’une déclaration d’amour. « Je me sens républicain aujourd’hui, parce qu’ils s’opposent au mariage de personnes du même sexe », a-t-il confié au très conservateur New York Post, condamnant également l’intervention américaine en Libye. « Mon frère et la secrétaire d’Etat [Hillary Clinton] m’ont déçu sur ce sujet, ajoute-t-il. Je suis vraiment triste que les choses aient tourné ainsi. Je suis plus âgé que [Barack Obama], mais je peux dire que le pouvoir l’a corrompu. »
Malick n’a jamais rencontré Barack
Malik Obama est l’aîné de Barack, avec qui il partage le même père, mais une mère différente. Une ancienne photo représente certes les deux frères côte à côte, en tenue traditionnelle. Mais les deux frères sont loin d’être proches. Ils ne se sont d’ailleurs rencontrés pour la première fois qu’en 1985, lors de la première venue de Barack Obama au Kenya.
Chez les Obama, les linges sales ne se lavent pas en famille. « J’aime encore mon frère, mais je n’en reviens toujours pas que quand il est venu au Kenya, il nous a dit qu’il ne pouvait pas passer trop de temps avec [nous] juste parce qu’il est le président des Etats-Unis, et qu’il doit d’abord finir son mandat avant de pouvoir se rapprocher de nous », abonde ainsi Malik Obama. En juillet 2015, Barack Obama s’était rendu en visite officielle au Kenya pour la première fois comme président. Il n’a cependant pas fait le déplacement à Kogelo, bastion des Obama, enrageant son demi-frère.
« Le Kenya aurait dû tirer meilleur profit de sa présidence », déplore Malik Obama. Lui, pourtant, a déjà tout tenté pour grappiller quelques morceaux de la gloire de son demi-frère. En 2013, Malik Obama a ainsi essayé d’utiliser une soi-disant presidential connection lors de sa tentative pour concourir aux élections comme gouverneur du comté de Siaya, où est situé Kogelo. Malik Obama affirmait alors disposer d’une « ligne directe avec la Maison Blanche. » Il n’a pourtant recueilli que 2 792 voix, 140 000 derrière le vainqueur.
Le Kenya convoité par les Républicains
Le président américain porte de manière complexe son héritage kényan, comme l’illustre son livre Les Rêves de mon père (Points Documents, 571p). Il n’a que peu connu son père, Barack Obama, brillant économiste mort d’un accident de voiture à 46 ans. S’il est demeuré très proche de sa demi-sœur, Auma, il ne connaît que de manière éloignée le reste de ses cousins et cousines. Lors du voyage de juillet 2015, une grande réunion de famille avait été organisée dès le soir de l’arrivée du président. Une bonne partie du dîner fut consacré à s’excuser de ne pas reconnaître chaque membre du « clan »…
De son côté, le fraîchement investi Donald Trump, s’est réjoui du soutien de Malik Obama dans un Tweet.
Wow, President Obama's brother, Malik, just announced that he is voting for me. Was probably treated badly by president-like everybody else!
— realDonaldTrump (@Donald J. Trump)
« Wow, le frère du Président Obama, Malik, vient juste d’annoncer qu’il voterait pour moi. Il a proprement été maltraité par le président - comme tout le monde »
Le Kenya semble en tout cas des plus convoité par les Républicains. En décembre, le malchanceux prétendant à l’investiture républicaine, Ben Carson, avait ainsi tenté de faire appel à ses racines africaines, annonçant qu’il visiterait le Kenya et clamant avoir des ancêtres dans la communauté Turkana, issus de la région « entre Kenya et la Tanzanie. » Grosse gaffe : les Turkanas, semi-nomades et pastoralistes, habitent en effet au nord du Kenya, à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière tanzanienne, située dans le sud du pays. L’affaire avait fait rire, mais aussi indigné les Kényans. Et le voyage de Ben Carson avait finalement été annulé.
Dans le village du père d’Obama, l’appel à l’aide des élèves de l’école
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