L’homme bionique ne sera bientôt plus de la science-fiction. Le groupe pharmaceutique GSK a annoncé, lundi 1er août, la création d’une coentreprise avec Verily Life Sciences, filiale de Alphabet (Google). Le groupe américain en détiendra 45 %, le britannique en conservera la majorité.

Baptisée Galvani Bioelectronics, en mémoire du scientifique italien Luigi Aloisio Galvani, qui découvrit la bioélectricité au XVIIIsiècle lors d’expérience sur des cuisses de grenouille, cette société bénéficiera d’une enveloppe de 640 millions d’euros sur sept ans pour financer la recherche, le développement et la commercialisation de traitements bioélectroniques.

Galvani Bioelectronics emploiera une trentaine de scientifiques, ingénieurs et médecins

L’entreprise installera son siège social dans le centre de recherche et développement (R&D) de GSK, situé à Stevenage, au nord de Londres. Un deuxième laboratoire est prévu aux Etats-Unis dans les locaux de Verily, au sud de San Francisco. Galvani Bioelectronics emploiera une trentaine de scientifiques, ingénieurs et médecins, a fait valoir le groupe GSK par communiqué, en tablant sur une création effective de la société d’ici à la fin de l’année 2016.

Améliorer la miniaturisation des appareils

GSK accélère. Le britannique, qui dépense 4 milliards d’euros dans la recherche de médicaments et vaccins chaque année, explore en solo ce champ d’activité depuis 2012. Le groupe promet le lancement d’implants bioélectroniques dans les dix ans. Connu pour son service de R&D qui emploie 11 000 personnes dans le monde, GSK a affecté une équipe d’une cinquantaine de chercheurs à ce domaine d’avenir. En 2013, il a aussi lancé un prix venant récompenser les meilleures recherches de bioélectronique ; sa dotation atteint 1 million de dollars (900 000 euros).

La signature de cet accord avec Verily est « une étape cruciale pour GSK », a annoncé lundi, également par communiqué, Moncef Slaoui, le président de la division vaccins de GSK, qui prendra la présidence du conseil d’administration de la nouvelle société. Le groupe britannique aux 32,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires espère traiter des pathologies grâce à des impulsions électriques diffusées sur le système nerveux via des implants. Plusieurs pathologies seraient éligibles à ce type de traitements, assure M. Slaoui.

L’asthme pourrait être soulagé par l’impulsion de courants afin d’éviter la contraction des poumons lors de crises

L’asthme, par exemple, pourrait être soulagé par l’impulsion de courants afin d’éviter la contraction des poumons lors de crises. L’implantation d’un appareil de la taille d’un grain de riz suffirait, d’après son site Internet. L’arthrite est également une maladie dont le groupe espère soulager les inflammations en équipant les personnes concernées d’appareils miniaturisés. Tout comme le diabète.

En s’alliant à Verily, GSK espère améliorer la miniaturisation de ses appareils, leur monitorat par des logiciels et l’analyse des données recueillies. « La médecine bioélectrique est un territoire d’exploration nouveau dont le succès exigera la conjugaison d’une expertise biologique et de nouvelles technologies hautement miniaturisées », explique Brian Otis, directeur technique de Verily, dans un communiqué.

Déjà de nombreux partenariats

GSK n’est pas le premier acteur de l’industrie pharmaceutique à se tourner vers le groupe de Larry Page et Sergey Brin. La société californienne a déjà pactisé avec nombre de sociétés. Elle s’est associée au groupe suisse Novartis dans la fabrication d’une lentille de contact qui mesure le taux de glucose, indice fondamental pour les diabétiques. Elle est aussi partenaire de la biotech américaine Biogen pour étudier la progression des scléroses grâce à des capteurs et des bases de données. Depuis l’été 2015, Verily Life Sciences est également alliée au français Sanofi dans le cadre de recherches pour mieux gérer le diabète. En outre, le 9 décembre 2015, la firme américaine s’est associée à l’américain Johnson & Johnson pour fonder Verb Surgical, une société spécialisée dans les robots utilisés lors d’opérations chirurgicales.

Tout comme Google s’est imposé comme la référence des moteurs de recherche sur Internet, la filiale du groupe Alphabet est devenue un acteur incontournable du marché de la santé. Elle n’est cependant qu’un petit poucet au sein de la firme californienne aux 21 milliards de dollars de chiffre d’affaires. L’entité baptisée Other Bets (« d’autres paris », en anglais) dont elle relève – au même titre que Nest, la société spécialisée dans la domotique d’Alphabet, et Fiber, son service d’accès à Internet par la fibre – a généré seulement 448 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2015. Elle a surtout essuyé 3,6 milliards de dollars de pertes opérationnelles. La recherche est à ce prix.