Un autre repreneur en vue pour Altis, le fabricant de semi-conducteurs ? Selon nos informations, SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corporation), un important fondeur chinois coté à Hongkong et à New York, serait intéressé par une reprise de l’entreprise détenue depuis 2010 par Yazid Sabeg et aujourd’hui en cessation de paiement.

Ce repreneur s’est manifesté en début de semaine, soit quelques jours avant une nouvelle audience du tribunal de commerce de Paris, prévue jeudi 4 août, qui doit décider en délibéré de la mise en redressement judiciaire d’Altis. Sera-ce suffisant pour convaincre le juge commercial de donner un délai supplémentaire pour explorer cette piste ? Les 1 000 salariés du fabricant installé à Corbeil-Essonnes (Essonne) peuvent-ils croire à une issue positive ?

Très grand réseau commercial

« Depuis un an, nous avons reçu diverses marques d’intérêt », dit-on au sein d’Altis, sans confirmer les pourparlers avec SMIC. Jusqu’à présent, seule X-FAB, une importante PME allemande, avait déposé une offre de reprise, le 8 juin. Après de longues semaines, l’offre a été retirée à la fin de juillet. Les dirigeants allemands disaient ne pas faire confiance au vendeur, qui avait pourtant accepté, au dernier moment, la cession de leurs titres en ajoutant des clauses jugées inacceptables pour X-FAB.

Contrairement à X-FAB, qui réalise 330 millions d’euros de chiffre d’affaires, SMIC est le cinquième acteur mondial du marché des semi-conducteurs, avec un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars (2 milliards d’euros). Disposant d’un très grand réseau commercial et d’une demi-douzaine d’usines en Chine, il poursuit son développement à l’international. En juin, le groupe, installé à Shanghaï, a racheté pour 49 millions d’euros 70 % de l’usine LFoundry d’Avezzano, en Italie.

Délai supplémentaire

Le nom de LFoundry rappelle un très mauvais souvenir aux pouvoirs publics français. En 2010, cette société italienne avait repris le site de production de semi-conducteurs de Rousset, dans les Bouches-du-Rhône, au groupe américain Atmel. Mais trois ans plus tard, LFoundry avait mené l’entreprise à la liquidation judiciaire, mettant plus de 600 personnes sur le carreau.

SMIC n’a pas déposé d’offre ferme de reprise. Yazid Sabeg souhaiterait obtenir un délai supplémentaire du tribunal de commerce pour laisser l’entreprise préparer cette offre. Première réponse, le 4 août.

« C’est au tribunal de commerce de décider, mais notre sentiment est qu’un redressement judiciaire serait préjudiciable à Altis, car l’entreprise a réussi à stabiliser sa dette et dispose aujourd’hui d’un volume d’activité », dit-on chez Altis.

Reste que Bercy ne semble pas voir les choses du même œil. L’Etat, créancier d’Altis à hauteur de 70 millions d’euros, paraît ne plus faire confiance à l’actuel actionnaire de la société pour trouver seul une solution pérenne. Il préfère la mise en place d’une procédure de redressement judiciaire qui permettrait, en toute transparence, de trouver un repreneur. X-FAB, SMIC ou un autre groupe.