Tony Parker a inscrit 14 points et réalisé huit passes décisives lundi face à la Chine. | MARK RALSTON / AFP

Après avoir enfin gagné, les Bleus ne veulent pas faire exprès de perdre. C’est ce qu’ont dit en substance le sélectionneur français Vincent Collet et sa vedette Tony Parker, après une victoire convaincante contre la Chine (88-60).

Les leaders offensifs (Nando de Colo et Tony Parker) se sont rassurés et reposés en même temps (vingt minutes de jeu), la France a enfin repris possession de la raquette grâce à Rudy Gobert (cinq contres) et Nicolas Batum (10 rebonds), et on a même vu le banc se lever sur les actions françaises, signe infaillible du retour d’un semblant d’esprit collectif.

Le réveil suit une gueulante de Vincent Collet dans le vestiaire et devant la presse, après la désillusion contre l’Australie (87-66) : « Je leur ai dit que je n’avais pas d’équipe. Qu’on pouvait faire des erreurs, mais qu’il y avait un seuil minimum en dessous duquel on était passé. » Puis quarante-huit heures d’entraînement durant lesquels l’entraîneur français a tenté de rappeler qu’il s’agissait d’un sport collectif, et laissé les joueurs se responsabiliser (« Il nous a laissés prendre les choses en main », dit Batum).

Mais, comme le souligne Tony Parker : « Il faut relativiser, ce n’est que la Chine. » Soit, sans doute, la plus mauvaise équipe du groupe.

Le souvenir espagnol

La victoire demande donc confirmation face à une meilleure équipe, et un prétendant à la médaille comme la Serbie, que ces Bleus connaissent si bien (deux défaites françaises en préparation, une victoire pour la médaille de bronze à l’Euro 2015), présente le profil idéal.

Problème : la défaite serbe contre l’Australie, à l’issue d’un match « d’un niveau exceptionnel » selon Vincent Collet, a clarifié les choses dans ce groupe A, où frayent également les Etats-Unis, a priori imbattables, et le Venezuela, qui ne peut a priori se qualifier. Le vainqueur du match France-Serbie terminera troisième. Il se retrouvera alors dans la partie de tableau des Etats-Unis, et ne pourra donc plus rêver que d’une médaille de bronze.

Il serait donc tentant pour les deux équipes de subitement rater tous leurs tirs, d’autant plus que l’adversaire en quart de finale est très difficilement prévisible, compte tenu de la densité du groupe B.

Faire exprès de perdre pour préparer l’avenir, les Américains ont un mot pour cela : tanker. Ce n’est pas tout à fait dans l’esprit olympique, mais l’Espagne n’avait pas hésité à le faire il y a quatre ans à Londres, déjà pour éviter un éventuel affrontement avec les Etats-Unis.

Face au Brésil, un adversaire largement à sa portée, la Roja avait mené la danse jusqu’au dernier quart-temps, qu’elle avait ensuite perdu avec application de 15 points. Les Espagnols – qui avaient ensuite battu la France en quart de finale – avaient nié avoir laissé filer le match, sans convaincre personne.

« Se prouver qu’on peut battre une grosse équipe »

Pas de ça chez nous, clament Vincent Collet et Tony Parker. Interrogé sur une possible stratégie, le meneur français a répondu :

« Pour l’instant, je pense qu’il faut qu’on joue, que l’on se prouve qu’on peut battre une grosse équipe pour se préparer pour les quarts de finale. Je ne pense pas que l’on puisse faire des calculs. »

Même son de cloche chez son entraîneur : « On a besoin de faire un match de haut niveau. On ne peut plus se qualifier qu’en position de troisième ou quatrième donc on sait qu’on ne pourra que jouer une très forte équipe (en quart de finale). On aura intérêt à élever notre niveau et c’est ce qu’on veut faire. Calculer plus loin, c’est dangereux. »

Il existe bien une solution qui satisfera les deux hémisphères du sélectionneur français : un très beau match de ses hommes, malheureusement perdu dans les derniers instants. Les basketteurs français devraient, dans ce cas, se forcer à ne pas sourire en zone mixte face aux journalistes.