A Marseille, le 4 août. | AP

Après Cannes, le 28 juillet, c’est une autre commune des Alpes-Maritimes, Villeneuve-Loubet, qui a pris à son tour un arrêté interdisant la baignade en burkini, a fait savoir samedi 13 août Lionnel Luca, député et maire (Les Républicains, LR) de la ville.

Cet arrêté, en date du 5 août, dit que « l’accès à la baignade est interdit, du 1er juillet au 31 août, à toute personne ne disposant pas d’une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et du principe de laïcité, et respectant les règles d’hygiène et de sécurité adaptées au domaine public maritime ». Il précise aussi que « le port de vêtements, pendant la baignade, ayant une connotation contraire aux principes mentionnés ci-avant est strictement interdit sur les plages de la commune ».

« Compte tenu du contexte général »

« On m’a signalé sur l’une de nos plages un couple dont l’épouse se baignait habillée, explique Lionnel Luca, et j’ai considéré que cela n’avait pas lieu d’être pour des raisons d’hygiène et que cela était malvenu compte tenu du contexte général. »

Affichant sa volonté « d’éviter tout trouble à l’ordre public dans une région marquée par les attentats », M. Luca réfute toute accusation de discrimination. « La république, ce n’est pas venir à la plage habillé en affichant ses convictions religieuses, d’autant que ce sont de fausses convictions, car la religion ne demande rien » en la matière, argue-t-il.

Le député et maire dit à propos des adeptes du burkini que, selon lui, « ce sont eux qui pratiquent la discrimination, ce sont eux qui s’isolent dans un ghetto, ce sont eux qui sont coupables de discrimination, pas nous qui au contraire défendons les musulmans dans leurs pratiques ». « Je pense que les musulmans veulent qu’on leur fiche la paix et qu’ils refusent d’être pris en otage par ceux qui estiment parler en leur nom. »

Libertés fondamentales

Cet arrêté fait suite à celui pris le 28 juillet à Cannes par le maire, également LR, David Lisnard, prohibant lui aussi tout bain habillé au nom de la laïcité. Plusieurs associations et particuliers ont manifesté vendredi leur intention de l’attaquer en justice.

« Une dizaine de jeunes filles de Cannes nous ont contactés spontanément, car elles ne peuvent pas se baigner », dit Feiza Ben Mohamed, porte-parole de la Fédération des musulmans du Sud. Elles se sont jointes à la procédure engagée par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) pour faire annuler en référé-liberté l’arrêté municipal de Cannes. « Nous lançons maintenant un appel aux citoyennes de Villeneuve-Loubet pour qu’elles s’associent à une procédure identique à l’encontre de Villeneuve-Loubet. » 

Vendredi, l’Union des musulmans des Alpes-Maritimes (UMAM), a exprimé dans un communiqué son « grand étonnement » face à l’arrêté pris à Cannes, considérant qu’il « porte atteinte aux libertés fondamentales qui sont garanties par la Constitution de notre république », tout en se montrant « disponible et ouverte » pour trouver des solutions « entre hommes intelligents et responsables ».