A Lourdes, des pèlerins sereins malgré la menace terroriste
A Lourdes, des pèlerins sereins malgré la menace terroriste
Par Mégane De Amorim (envoyée spéciale à Lourdes)
Alors que les organisateurs avaient déployé un dispositif de sécurité inédit, de nombreux pèlerins ont vécu ce week-end de l’Assomption « comme d’habitude ».
Alors que les organisateurs avaient déployé un dispositif de sécurité inédit, de nombreux pèlerins ont vécu ce week-end de l’Assomption « comme d’habitude ». | PASCAL PAVANI / AFP
Ils n’ont pas pu passer à côté des contrôles de sacs à l’entrée du sanctuaire, des militaires qui patrouillent près de la basilique, ni de l’hélicoptère qui survole la foule le soir de la procession mariale. Pourtant, les pèlerins n’ont rien changé à leur routine, rassurés par les 508 agents déployés à Lourdes pour le 15 août, mêlant policiers, gendarmes, militaires et agents de sécurité privée. « S’il y a de la sérénité au sanctuaire, c’est parce qu’il y a un fort dispositif de sécurité », explique l’évêque de Lourdes, Mgr Nicolas Brouwet.
Les attentats qui ont récemment marqué la France, notamment l’assassinat du père Hamel dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet, n’ont pas dissuadé les chrétiens de venir se rassembler à Lourdes. « Au contraire, après Saint-Etienne-du-Rouvray, il y a eu une vague d’inscriptions au pèlerinage. Les catholiques ont été atteints, et ils ont réagi en s’inscrivant : c’est un acte militant », assure le père Fabien Lejeusne, directeur du pèlerinage national.
Hommage aux victimes des attentats
Alain vient en pèlerinage pour la septième fois. Aveugle et handicapé de la jambe gauche, il s’en remet à Dieu pour sa sécurité comme pour sa guérison. Il a gardé l’habitude d’aller aux piscines, ces grandes baignoires d’eau froide à la réputation miraculeuse. « J’y vais tous les jours, et c’est incroyable. J’ai des frissons à chaque fois », précise-t-il.
Comme lui, la plupart des visiteurs vivent leur pèlerinage « comme d’habitude », passant outre le dispositif de sécurité et la menace terroriste qui « reste extrêmement élevée », comme l’a rappelé le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, pendant sa visite à Lourdes samedi 13 août.
C’est seulement lors de la prière pour la France, qui clôture traditionnellement le pèlerinage de l’Assomption, que le souvenir des attentats s’est imposé avec force aux pèlerins. Si d’ordinaire le moment est dédié à la paix dans le monde, cette année le contexte a imposé un discours différent au père Lejeusne : « Le pays est troublé par la violence atroce du terrorisme, a-t-il commencé. Seigneur, nous voulons te prier pour les victimes des attentats. Et comment ne pas associer à notre prière le père Jacques Hamel, qui vient de payer de sa vie son engagement. » L’actualité a aussi été évoquée le matin même, pendant la messe du cardinal Philippe Barbarin, qui a dit « penser (…) à la France, bouleversée par tant de souffrances ces derniers mois, depuis janvier 2015, et encore cruellement atteinte le mois dernier ».
De son côté, François Hollande a annoncé qu’il sera reçu par le pape en audience privée, mercredi 17 août, au Vatican, notamment pour s’entretenir des suites de l’assassinat du père Hamel.
Une mairie de Lourdes sous pression
Les organisateurs sont soulagés d’avoir atteint la fin du pèlerinage du 15 août sans qu’il ne soit perturbé. Thierry Castillo, économe diocésain de Lourdes, reconnaît qu’« il y a une vraie satisfaction que tout se soit bien passé ». Il faut dire que la préfecture et Hubert Weigel, le préfet en charge de la sécurité des grands rassemblements en France, leur avaient mis la pression. « On nous a prévenus que la maire serait considérée responsable si quelque chose arrivait dans la ville », se souvient Philippe Subercazes, adjoint à la sécurité à la mairie de Lourdes.
Mais pour lui le soulagement n’est pas total, aujourd’hui : « Le problème c’est que Lourdes continuera à accueillir du monde, demain, après-demain et tous les jours suivants. Les sentinelles, puis les CRS, eux, s’en vont, et moi je me retrouve tout seul avec mon commissariat. Ce que j’espère, c’est qu’il y aura des renforts par la suite. » Une demande déjà formulée par la maire, Josette Bourdeu, auprès du ministre de l’intérieur, jusque-là sans réponse.