Les sans-abri ignorés durant l’été : moins de 45 % des appels au 115 aboutissent
Les sans-abri ignorés durant l’été : moins de 45 % des appels au 115 aboutissent
La Fédération nationale des associations de réinsertion sociale déplore une inefficacité record des structures d’hébergement en juillet.
A Lyon, en juin 2014. | JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Plus de 55 % des appels au 115 n’ont jamais abouti : le numéro d’urgence mis à disposition des personnes sans domicile fixe (SDF) a atteint une inefficacité record en juillet, de nombreuses structures d’hébergement étant fermées, selon un baromètre de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars).
Sur les 21 506 personnes ayant contacté le 115 en juillet (un chiffre en hausse de 2,4 % par rapport au même mois l’an dernier), 11 908 « n’ont jamais été hébergées », soit 55 % du total, affirme l’étude. Ce taux correspond à une hausse de 5 % sur un an et à un « quasi-doublement par rapport à la moyenne hivernale ».
« Dès 10 heures, il n’y a plus de place »
Dans huit des quarante départements étudiés, dont le Rhône (Lyon), l’Isère (Grenoble) ou la Gironde (Bordeaux), le taux d’attribution est même inférieur à 20 %. « Dès 10 heures du matin, il n’y a plus de place pour les sans-abri » dans ces départements, souligne Florent Gueguen, le directeur général de la Fnars.
En été, la question du logement des sans-abri ne suscite qu’« indifférence », alors que la mortalité chez les grands précaires est « aussi importante l’été que l’hiver », rappelle le responsable, qui constate que les structures d’hébergement ouvertes l’hiver ferment au printemps, mettant les sans-abri sur le trottoir.
Les personnes isolées sont les plus touchées : seulement 11 % des femmes seules ont obtenu une place d’hébergement en juillet, selon l’étude de la Fnars. Les mineurs non accompagnés sont toujours plus nombreux parmi les appels au 115 : + 66 % par rapport à juillet 2015.
Parmi les demandeurs, Florent Gueguen constate aussi une hausse de 6 % en un an du nombre des 18-24 ans, qui n’ont pas accès à des prestations sociales telles que le RSA et sont victimes de « la crise du logement ». « On a là une vraie bombe sociale. »