Mort suspecte en détention d’un opposant gambien
Mort suspecte en détention d’un opposant gambien
Le Monde.fr avec AFP
Le décès d’Ibrima Solo Krummah, le 20 août, intervient quelques mois après celui d’un autre dirigeant du même parti, l’UPD.
Un membre de l’opposition gambienne est décédé en détention le 20 août. « Nous sommes allés cet après-midi (lundi) à la morgue de l’hôpital Edward Francis Small pour confirmer la mort d’Ibrima Solo Krummah », un cadre du Parti démocratique uni (UDP), « décédé pendant le week-end », a déclaré à l’AFP Dembo Bojang, un dirigeant du parti.
Il a précisé que le parti veut « s’assurer qu’une autopsie sera réalisée » avant l’enterrement. Dans un communiqué, le parti annonce la mort en détention de Solo Krummah, arrêté le 9 mai 2016.
Aucune notification de décès
« Jusqu’à présent ni le parti ni les membres de sa famille n’ont reçu de notification officielle de sa mort », affirme l’UDP, qui dit avoir appris par des sources officieuses que le détenu avait été hospitalisé le 8 août avant d’être opéré le 19 et de décéder le 20 au matin.
Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, une trentaine de personnes ont été arrêtées le 9 mai près de la Haute Cour de Banjul. Ils manifestaient contre l’arrestation d’une cinquantaine d’opposants, en lien avec des manifestations organisées les 14 et 16 avril.
Un autre dirigeant de l’UDP, Solo Sandeng, arrêté le 14 avril, était décédé en détention. Une manifestation le 16 avril dénonçant sa mort a été réprimée et s’est soldée par de nouvelles arrestations, incluant le chef du parti, Ousainou Darboe. M. Darboe et 17 co-accusés ont été condamnés le 20 juillet à trois ans de prison ferme.
Dans un communiqué, le département d’Etat américain s’est déclaré lundi soir « profondément inquiet par la mort du membre de l’opposition gambienne Ibrima Solo Krummah, qui serait décédé le 20 août en détention ».
« Allégations de torture »
La diplomatie américaine dit « rester troublée par les informations faisant état de mauvais traitements continuels par le gouvernement gambien des personnalités de l’opposition détenues, comme en attestent les récents décès et allégations de tortures ».
Le département d’Etat appelle à « un traitement humain pour tous les prisonniers » et à la « libération immédiate de tous les prisonniers politiques », y compris ceux condamnés en juillet ou arrêtés lors des manifestations du printemps.
Parvenu au pouvoir par un coup d’Etat sans effusion de sang en 1994, élu en 1996, puis constamment réélu depuis, le président Yahya Jammeh dirige d’une main de fer la Gambie, petit Etat anglophone d’Afrique de l’Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal. Il est candidat à sa réélection en décembre.