Arrêtés « anti-burkini » : seules quatre communes ont verbalisé des femmes
Arrêtés « anti-burkini » : seules quatre communes ont verbalisé des femmes
Par Violaine Morin, Pierre Breteau
« Le Monde » a contacté toutes les communes qui ont pris des arrêtés « anti-burkini ». La quasi-totalité des procès-verbaux a été dressée à Nice et à Cannes. Dans les autres communes, les cas restent très rares.
La plage de Nice, le 23 août. | VALERY HACHE / AFP
Sur les trente et une communes ayant publié des arrêtés interdisant le port d’une tenue religieuse sur leurs plages, seules quatre ont verbalisé des estivantes pour ce motif. Au total, trente-deux procès-verbaux y ont été dressés pendant l’été.
La mairie de Nice (Alpes-Maritimes) a communiqué mercredi 24 août le chiffre de vingt-quatre verbalisations. Cannes (Alpes-Maritimes) a annoncé six procès-verbaux et quinze cas de personnes ayant été approchées par la police, sans que cela donne lieu à verbalisation.
Le Monde a contacté toutes les communes qui ont pris des arrêtés « anti-burkini ».
En dehors de Nice et Cannes, deux procès-verbaux ont été dressés à Vallauris Golfe-Juan (Alpes-Maritimes) par des CRS chargés de la surveillance des plages dans le cadre du dispositif estival habituel, selon la police municipale. Dans la commune de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), où un arrêté interdit de « se baigner habillé » depuis 2013, seuls « deux ou trois cas » ont été comptabilisés en 2016. Sur les trente et une mairies ayant pris des arrêtés dits « anti-burkini », trois n’ont pas communiqué leurs chiffres au Monde. Une seule, Saint-Jean-Cap-Ferrat, a refusé de répondre à nos questions.
Partout ailleurs, on ne relève que très peu de « prises de contact » des forces de l’ordre avec des estivantes qui contreviendraient aux arrêtés, et très peu de « signalements » d’autres plagistes qui seraient mécontents de la tenue du voisin. A Vallauris, dans deux cas, les policiers se sont approchés de personnes, qui ont accepté de quitter la plage.
Deux cas similaires ont été rapportés à Fréjus (Var), deux cas à Théoule-sur-Mer et un cas à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes). A Sisco, la commune de Corse où une rixe àl’origine controiversée avait éclaté sur plage, il n’y a eu aucun incident depuis l’entrée en vigueur de l’arrêté.
« Préventif »
Plusieurs mairies reconnaissent avoir pris des arrêtés à titre « préventif ». C’est notamment le cas à Sainte-Maxime (Var) et à Cavalaire-sur-Mer (Var), où la mairie explique avoir voulu « être dans le mouvement et avoir un outil si besoin ». Dans certaines mairies, ce sont des « signalements » de personnes se baignant en tenue intégrale qui ont déclenché la prise d’arrêtés. C’est le cas à Leucate (Aude), où la mairie dit être confrontée à cette question depuis l’été 2010, et ajoute que les « signalements » se sont multipliés ces derniers temps.
Il n’y a cependant pas eu d’autres cas depuis la prise de l’arrêté. A Rayol-Canadel-sur-Mer (Var), la mairie relate un incident entre deux femmes se baignant en tenue intégrale et des plagistes, qui a déclenché la prise de l’arrêté.
La « coopération » : accepter de quitter la plage
Dans les communes où le cas de figure s’est présenté, « cela se passe plutôt bien », selon la mairie de Cannes. A Nice, Yves Bergerat, du Syndicat national des policiers municipaux (SNPM), commente : « La police municipale fait respecter les arrêtés, nous n’avons pas d’état d’âme. Ça se passe plus ou moins bien selon si les personnes contestent. Il y en a même qui rigolent. Et d’ajouter : Quand on peut faire enlever [le vêtement incriminé], on le fait. Certains quittent la plage. »
De son côté, la mairie de cette commune, qui a dressé le plus grand nombre de procès-verbaux, dément la mise en place d’un dispositif policier particulier chargé de faire respecter l’arrêté. « Il y a un dispositif estival renforcé, comme tous les étés », commente la mairie.
En dehors de Nice, les quelques mairies qui rapportent une « prise de contact » de policiers parlent de la « bonne coopération » des estivantes, ce qui, dans les cas dont nous avons eu écho, signifie qu’elles acceptent de quitter la plage. Aucun cas de personne ayant choisi de retirer ses vêtements pour pouvoir rester ne nous a été rapporté. A Vallauris, une personne est également partie de son plein gré en voyant approcher des policiers.