Stanford interdit les alcools forts à ses étudiants de premier cycle
Stanford interdit les alcools forts à ses étudiants de premier cycle
Deux mois après la condamnation de Brock Turner, un champion de natation de Stanford qui avait violé une jeune femme en coma éthylique, l’université a modifié son règlement intérieur.
Voici une revue de presse proposée par notre partenaire Courrier Expat sur les mesures adoptées par l’université de Stanford pour tenter de restreindre la consommation d’alcool sur son campus :
Les seules boissons alcoolisées autorisées lors des fêtes et des soirées ouvertes aux étudiants de premier cycle de l’université de Stanford, aux Etats-Unis, seront désormais le vin et la bière, rapporte npr.news, le site d’information de la radio nationale. Le règlement intérieur modifié à l’approche de la rentrée ne bannit toutefois pas totalement les alcools forts du campus : les étudiants âgés de plus 21 ans sont autorisés à garder des bouteilles de 750 ml au maximum dans leur chambre et seule la consommation d’alcools forts à l’état pur est proscrite lors des soirées organisées par les étudiants de deuxième cycle. Les responsables de l’université s’affirment convaincus de l’efficacité de ces mesures pour “changer de manière significative la culture de l’alcool sur le campus”.
Cette annonce intervient quelques semaines après la condamnation à six mois de prison, dont trois ferme, de Brock Turner, un étudiant qui, en janvier 2015, avait violé une jeune femme de 23 ans, elle-même en état de coma éthylique. Ce verdict, jugé trop clément, a provoqué un tollé.
Culture de la fête et de l’alcool
Au cours du procès, Block Turner avait expliqué qu’il s’était trouvé pris au piège de la « culture de la fête et de l’alcool » qui sévit sur le campus. Dans une lettre adressée à son agresseur, la victime avait elle-même répondu à cette tentative de justification en soulignant que le crime de Turner n’était pas d’avoir bu, mais bien d’avoir commis un viol.
Selon Sam Levin, correspondant à San Francisco du quotidien britannique The Guardian, de nombreux professeurs et étudiants de Stanford perçoivent ce nouveau règlement comme une pure et simple « opération de communication » lancée par les responsables de l’université pour tenter d’éteindre la polémique déclenchée par l’affaire Turner.
« Brock Turner a prétendu qu’il était victime de la culture de l’alcool et je pense que l’université a été très embarrassée par cette accusation », explique Michele Landis Dauber, professeur de droit à Stanford et proche de la famille de la jeune femme victime du viol.
L’image des universités américaines très écornée
Sur place, les critiques se concentrent sur deux points. D’une part, en interdisant les alcools forts dans les fêtes, l’université court le risque d’en encourager la consommation à d’autres moments et dans d’autres lieux : avant les soirées et dans les dortoirs, où les risques d’agressions sexuelles ne sont pas moindres. D’autre part, Stanford devrait plutôt s’attaquer de front au problème des agressions sexuelles en mettant au point une politique de prévention efficace – notamment, selon Mme Dauber, pour protéger les étudiantes de premier cycle.
« La multiplication des nouvelles concernant des problèmes liés à l’alcool sur les campus donne une image extrêmement négative des universités américaines », constate dans le Financial Times l’essayiste britannique Philip Delves Broughton, bon connaisseur de la culture américaine. « Elles sont perçues comme des lieux où les jeunes doivent se défendre au lieu de développer leurs compétences, où ils sont la proie du stress, des dettes et des pires formes de pression sociale. L’abus de médicaments a augmenté chez les étudiants, sans doute pour faire face à l’anxiété et, en matière d’alcool, les habitudes de consommation sont de plus en plus extrêmes. Il y a plus d’abstinents, mais aussi plus d’étudiants qui boivent trop. »
Les études montrent que les jeunes qui vivent sur les campus et qui sont affiliés aux fraternités et sonorités estudiantines boivent nettement plus que ceux qui vivent chez leurs parents ou que ceux qui ne fréquentent pas du tout les universités. « Le plus accablant, c’est que les universités semblent bien aggraver le problème », conclut Philip Delves Broughton, qui estime lui aussi que le nouveau règlement de Stanford n’est pas à la hauteur.
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