Les violences continuent au Gabon, toujours dans l’impasse politique
Les violences continuent au Gabon, toujours dans l’impasse politique
Le Monde.fr avec AFP
Selon un décompte réalisé par l’AFP, sept morts ont été recensés dans le pays depuis le début des émeutes il y a trois jours.
Le siège de campagne de Jean Ping a été complètement dévasté par l’assaut des forces de sécurité – à Libreville, le 3 septembre. | MARCO LONGARI / AFP
Les troubles post-électoraux au Gabon continuent, trois jours après l’annonce de la réélection du président sortant Ali Bongo, alors que son adversaire Jean Ping affirme également avoir gagné. Ces affrontements ont fait au moins deux nouveaux morts, un civil et un policier. Il s’agit du premier décès dont les autorités font état parmi les forces de sécurité massivement déployées depuis mercredi.
« Nous constatons une reprise de vie sur Libreville [capitale du Gabon] où certaines grandes surfaces rouvrent. Les gens reprennent confiance », s’est toutefois félicité le ministre de l’intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya, alors que de nombreux commerces étaient fermés depuis mardi.
Samedi, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon, Me Jean-Pierre Akumbu M’Oluna, a affirmé que les 800 personnes arrêtées à Libreville depuis trois jours étaient détenues « dans des conditions dégradantes et insupportables ». Face à la presse, il a demandé aux autorités judiciaires de « les traiter humainement ».
Sept morts
Selon un décompte réalisé par l’AFP, sept morts ont été recensés dans le pays depuis le début des émeutes il y a trois jours. L’archevêque de Libreville a appelé samedi la majorité et l’opposition « se ressaisir pour une sortie imminente de crise », qui tarde à se dessiner.
Le président Ali Bongo, proclamé élu mercredi par la commission électorale (Cénap), ne s’est pas exprimé depuis jeudi après-midi.
« En tant que président élu, je suis naturellement très préoccupé par la situation de notre pays qui évolue vers un chaos généralisé », a déclaré pour sa part vendredi soir Jean Ping en recevant les 26 opposants qui venaient de retrouver leur liberté de mouvement après avoir été retenus pendant 36 heures à son siège de campagne complètement dévasté par l’assaut des forces de sécurité. « Je sais que l’apaisement ne peut survenir que si la vérité des urnes (...) est rétablie et respectée sur la base du comptage des voix bureau de vote par bureau de vote », a-t-il poursuivi.
Un recompte exclu
Le gouvernement refuse ce recompte des voix bureau par bureau que demandent aussi l’Union européenne et la France, arguant qu’il n’est pas prévu par le code électoral gabonais. « C’est faux », rétorque Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, le directeur de communication de la campagne de Jean Ping. « Il y a un silence juridique mais on peut faire du bureau par bureau sans violer la loi », assure-t-il.
M. Ping demande également la reprise des travaux de la Cénap pour examiner les procès-verbaux du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo qui a officiellement donné la victoire finale à M. Bongo avec plus de 90 % des voix pour une participation supérieure à 99 %.
En revanche, son équipe exclut catégoriquement tout recours devant la Cour constitutionnelle « qui a fait preuve de sa partialité. Nous n’allons pas nous jeter dans la gueule du loup comme des enfants », a fait savoir M. Ntoutoume.