Coupe Davis : « Faut arriver sur le court en se disant que c’est possible »
Coupe Davis : « Faut arriver sur le court en se disant que c’est possible »
Par Henri Seckel
Menée 2-1, l’équipe de France est au pied du mur avant la dernière journée de sa demi-finale face à la Croatie, mais le capitaine Yannick Noah veut croire à l’exploit.
Yannick Noah le 17 juillet, lors du quart de finale de la Coupe Davis face à la République tchèque. | MICHAL CIZEK / AFP
Le micro produit un énorme larsen, qui brise les tympans de la moitié de l’assistance. Nous sommes en conférence de presse samedi 17 septembre au soir, le double français vient de s’incliner face à la paire croate et les Bleus sont menés 2 points à 1, au bord du gouffre. Sur l’estrade, le capitaine Yannick Noah : « Quelqu’un peut-il baisser un peu le volume du micro ? Je sais pas, quelqu’un ? Pouvez-vous baisser, s’il vous plaît ? Baissez le volume, c’est trop sensible, c’est trop fort. » Silence. Il sourit. « Je suis chanteur professionnel, je m’y connais. » Rires dans l’assemblée. « Pour ce qui est d’être capitaine, je ne sais pas. Mais je sais chanter. » Nouveaux rires.
Quand @NoahYannick fait rire tous les journalistes en conférence de presse #CROFRA #CoupeDavis https://t.co/z21BhBaF4P
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Depuis qu’il a repris les rênes de l’équipe de France il y a moins d’un an, Yannick Noah a beaucoup fait marrer les journalistes. Il a séduit tout le monde avec sa bonne humeur et sa repartie ravageuses. Il a aussi redonné une certaine consistance à l’idée d’équipe de France de tennis, et l’a même rendue à nouveau sympathique, que ce soit en délocalisant le premier tour en Guadeloupe, ou en faisant appel à des petits nouveaux frais, bien élevés, qui ne se prennent pas pour des stars (Pouille, Mahut, Herbert). Il est désormais l’heure d’apporter ce pour quoi il a réellement été appelé au secours : Yannick Noah.
Au matin du dernier jour de la demi-finale de Coupe Davis face à la Croatie à Zadar, l’équipe de France est au pied du mur, pour ne pas dire qu’elle a déjà la tête dedans. Alors si le charismatique capitaine possède encore la recette magique qui avait permis à ses joueurs de se transcender en 1991 et 1996, et de s’extirper de situations compliquées pour remporter le saladier d’argent ces deux années-là, c’est maintenant qu’il faut s’en servir.
Cilic joue sur un nuage, mais…
Richard Gasquet va devoir battre Marin Cilic (à 14 heures, en direct sur Le Monde. fr), pour que Lucas Pouille ait ensuite le droit de jouer le cinquième match face à Borna Coric. Il va falloir que Noah ait su trouver les bons mots et instaurer le bon équilibre, que tout se soit parfaitement passé entre samedi soir et dimanche après-midi, et que les planètes se soient alignées dans la nuit pour que le miracle soit envisageable.
Richard Gasquet à la bonne époque, quand l’équipe de France s’apprêtait à mener 1-0 contre la Croatie, vendredi. | ANDREJ ISAKOVIC / AFP
Difficile d’anticiper à quoi pourrait ressembler l’hypothétique cinquième et dernier match de cette rencontre, tant le quatrième a des airs de terminus. Marin Cilic joue sur un nuage ce week-end. Le n° 11 mondial, vainqueur de l’US Open 2014, a bien géré son match en simple face à Pouille vendredi, et parfaitement joué son rôle en double samedi.
Dans l’absolu, Gasquet peut le battre. Il l’a déjà fait – Monte-Carlo 2013 et Cincinnati 2015, pour une seule défaite, Indian Wells 2016 –, et il a manifestement son idée sur la méthode : « [Hier] matin, j’ai lu un truc qui m’a surpris [sur son téléphone, on suppose], a raconté Noah. Il m’a dit : “Je sais comment battre Cilic.” J’étais ravi, c’était un très bon signe. »
« Ça va chialer »
Dans les circonstances de Zadar, ce serait une prouesse. Outre le niveau impressionnant affiché par son adversaire, le n° 18 mondial devra lutter contre un public qui a jeté le fair-play à la poubelle, et pesé de tout son poids lors du double, en faisant systématiquement du bruit au moment des services français, et en applaudissant entre le premier et le deuxième.
Malgré une mine parfois sombre, le capitaine tricolore n’a pas quitté son optimisme, et n’a cessé de de répéter qu’il pensait l’exploit possible, que son joueur pouvait le faire s’il ne se laissait pas déborder par la puissance de feu de Cilic et parvenait à le faire sortir de sa zone de confort en trouvant des angles tranchants pour l’éjecter du court.
Question à 1000 kunas : Richard Gasquet aura-t-il le mental ? A-t-il l’étoffe d’un héros ? « C’est le moment, non ?, répond Noah. Ce serait joli. “Richie” qui gagne la balle de match, ça aurait de la gueule. On essaie de jouer pour vivre ces moments-là, on est là pour ça. S’il gagne, ça va être violent, je pense que ça va chialer. C’est pour ça que c’est beau, mais c’est dur. C’est une grosse journée qui nous attend. »
Noah-Monfils, explication à venir
Dernière question de la conférence de Noah samedi soir, après la défaite en double : vu le scénario, regrette-t-il encore plus l’absence de Gaël Monfils, dont les raisons restent obscures, mais qui l’avait manifestement chiffoné ? Le capitaine commence par s’agacer de cette question, semble ne pas vouloir y répondre. Puis il se lance : « Non, je regrette pas l’absence de Gaël. Je regrette... Je regrette de ne pas avoir... Non, même pas en fait. Non, c’est une bonne chose. On va jouer ce match, on parlera de l’avenir plus tard. Pour moi, ce qui compte, c’est l’état d’esprit. Je suis revenu après dix-neuf ans parce qu’il y a un problème d’état d’esprit. Je suis à 100% concentré là-dessus. Les joueurs qui sont là, malgré tout ce qui a pu se passer, avec des défections en quarts, des défections cette fois-ci, ils ont exactement l’état d’esprit qui correspond à ce que j’ai envie de créer, partager et faire perdurer. Le fait que Gaël ne soit pas là est une très bonne chose par rapport à l’état d’esprit. » Et Noah de promettre qu’il reviendrait sur le sujet une fois la rencontre achevée. Certaines oreilles vont siffler.
• LE PROGRAMME
A partir de 14 heures
Richard Gasquet/Marin Cilic
Puis, si nécessaire
Lucas Pouille/Borna Coric
Les supporteurs français lors du match Gasquet-Coric, vendredi. | ANDREJ ISAKOVIC / AFP