Matteo Renzi, déçu, juge que le sommet de Bratislava a été une « occasion perdue »
Matteo Renzi, déçu, juge que le sommet de Bratislava a été une « occasion perdue »
Le Monde.fr avec AFP
Le chef du gouvernement italien ne cache pas sa déception après le sommet européen à 27 de vendredi, déclarant notamment sa déconvenue vis-à-vis d’Angela Merkel et de François Hollande.
Le président du conseil (chef du gouvernement) italien ne décolère pas depuis le sommet européen à 27 qui s’est tenu vendredi à Bratislava. Dans un entretien au quotidien Corriere della Sera dimanche 18 septembre, il affirme que ce sommet a été « une occasion perdue », notamment sur le volet de l’immigration, et se dit particulièrement déçu par les dirigeants français et allemand.
Interrogé sur son absence lors de la conférence de presse commune donnée vendredi par le président français et la chancelière allemande, le chef du gouvernement italien affirme n’avoir « aucun problème » avec François Hollande et Angela Merkel. Mais « faire une conférence de presse où on ne dit rien n’est pas le rêve de ma vie », dit-il dans cet entretien qui prolonge des déclarations déjà très amères faites samedi lors d’une conférence à Florence, lors de laquelle il avait déclaré qu’il ne pensait pas « qu’il soit juste que l’Italie fasse semblant de rien quand les choses ne s’améliorent pas ».
Si le président français et la chancelière allemande « veulent passer leur après-midi à écrire des documents sans âme et sans horizon, ils peuvent le faire seuls », a-t-il encore déclaré. Les trois dirigeants s’étaient pourtant retrouvés tout sourire à la fin d’août en Méditerranée, au large de la petite île italienne de Ventotene, à l’occasion d’une réunion à trois censée préparer le sommet de Bratislava. Mais Matteo Renzi ne cache pas sa déception. « Je les ai emmenés à Ventotene pour construire un parcours, pas pour voir le panorama ou manger du poisson », a-t-il lancé.
« Scandale de l’immigration » et « incapacité de l’Europe »
Matteo Renzi est particulièrement déçu du manque de résultats concernant l’immigration. « Nous ne pouvons pas laisser exploser le problème de l’immigration à cause de l’incapacité de l’Europe », a-t-il affirmé, ironisant ensuite sur l’Union européenne qui « construit dans le même temps à coups de milliards un nouveau siège pour le Conseil européen » à Bruxelles.
« Je vais proposer de mettre devant le siège le bateau que l’Italie a récupéré au fond de la mer et qui est maintenant à Augusta », en Sicile, a-t-il affirmé. « Au moins, comme ça, toutes les fois qu’il y aura une réunion, plutôt que de regarder seulement les nouveaux canapés, on regardera l’image de ce bateau et du scandale de l’immigration », a-t-il encore lancé. L’Italie a renfloué cet été le chalutier dans lequel quelque 700 migrants avaient trouvé la mort en avril 2015 au large de la Libye.
Pour M. Renzi, l’Italie est livrée à elle-même dans la crise migratoire et les solutions qu’elle avance ne sont pas suffisamment prises en compte. « Est-ce qu’on va comprendre que s’il est juste de sauver tout le monde en mer, il n’est pas possible d’accueillir tout le monde seulement dans les Pouilles ou en Sicile ? », dans le sud de l’Italie, a lancé samedi à Florence le chef du gouvernement italien. Dès lors, soit « on accepte la thèse italienne et on va en Afrique, on conclut des accords de coopération internationale (…) et on bloque les départs en créant des occasions de développement ou alors on dit clairement qu’on est en train de perdre son temps », a-t-il insisté. A Bratislava, « ils ont apporté un document [de travail] dans lequel on ne parlait même pas de l’Afrique », a-t-il encore déploré.
Sur la croissance économique, M. Renzi a réitéré ses critiques à propos de l’austérité, une « recette fausse » choisie par l’Europe ces cinq dernières années, pendant que les Etats-Unis faisaient le « juste » choix d’investir. La presse italienne spéculait sur les raisons de la grogne de M. Renzi. Pour le Corriere della Sera, cette soudaine colère est surtout dictée par un calcul de politique intérieure, à quelques semaines d’un référendum, crucial pour son avenir politique.