La mission d’observation électorale (MOE) de l’Union européenne au Gabon a « regretté » dimanche 25 septembre que la Cour constitutionnelle « n’ait pas été en mesure de rectifier de manière satisfaisante les anomalies observées lors du recensement des votes » du scrutin présidentiel du 27 août.

La mission « note des faiblesses techniques importantes » dans le traitement du contentieux électoral et regrette « que la Cour soit contrainte de statuer sur des procès-verbaux fournis par la Commission électorale », dans un communiqué publié deux jours après la validation vendredi de la réélection d’Ali Bongo Ondimba par la Cour qui a rejeté la requête de son rival, Jean Ping.

Des anomalies dans le fief familial des Bongo

« L’absence de confrontation des différentes copies des procès-verbaux (…) révèle une grande faiblesse du système électoral », selon l’observatrice en chef, Mariya Gabriele, citée dans le communiqué. La mission rappelle qu’elle a relevé « d’évidentes anomalies dans les résultats pour la province du Haut-Ogooué où le taux de participation a été annoncé à 99,93 % ».

Dans ce fief familial des Bongo, le président sortant avait obtenu 95 % des voix, lui assurant la victoire sur l’opposant Jean Ping dans le reste du Gabon, selon les premiers résultats de la Commission électorale. Des résultats corrigés à la marge par la Cour, saisie par Jean Ping qui réclamait un nouveau décompte des voix dans cette province.

Résultat : Ali Bongo est élu avec 172 990 voix (50,66 %) devant Jean Ping (161 287 voix, 47,24 %), selon la Cour. L’opposant, qui dénonce un « déni de justice », a lancé un appel à la communauté internationale sans préciser ce qu’il en attend.

Mme Gabriele regrette que « les doutes sérieux sur les résultats du Haut-Ogooué n’aient pas été levés de manière satisfaisante ». L’observatrice en chef encourage « tous les acteurs » à privilégier « la voie des recours juridictionnels encore à leur disposition (plutôt que) celle de la voie de la violence ». Elle promet enfin la publication « d’un rapport final détaillé » de la mission arrivée au Gabon dès le 12 juillet.

Une réélection qui n’enthousiasme pas la communauté internationale

La communauté internationale a pour l’instant accueilli froidement et sans félicitations la réélection d’Ali Bongo. « La France constate que l’examen des recours n’a pas permis de lever tous les doutes », a publiquement regretté le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault.

« Nous déplorons que le quai d’Orsay se soit déporté à Bruxelles », a réagi le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-by-Nze. Libreville accuse Paris de reprendre la thèse des observateurs de l’UE.

Ces absences de félicitations vont de pair avec des injonctions au nom de la paix civile dans ce petit pays de 1,8 million d’habitants riche en pétrole, ressources forestières et minières. Les Nations unies ont demandé « la libération des personnes détenues de façon arbitraire ». Paris demande à Jean Ping et les siens « de poursuivre leurs revendications selon des voies qui ne remettent pas en cause la paix et le bien-être du pays ».

« Nous n’avons besoin de personne pour parler des problèmes du Gabon », a répliqué Ali Bongo à la radio française RFI. Et d’insister : « l’ingérence n’est pas une bonne chose ».

Ali Bongo reste à la tête d’un pays profondément divisé et qui connaît un calme tendu sous haute sécurité. Aucun incident n’a été enregistré depuis l’annonce de la Cour, vendredi soir.