Dévoilés par le Journal du dimanche (JDD) du 25 septembre, les premiers chiffres mesurant l’état du trafic dans le cœur de la capitale, trois semaines après la fin de Paris Plages et la non-réouverture à la circulation des voies sur berges rive droite, se révèlent moins alarmistes que les prévisions.

Alors que la délibération visant à approuver la piétonnisation de la voie Georges-Pompidou entre le tunnel des Tuileries (1er arrondissement) et le port de l’Arsenal (12e) sera soumise au vote du Conseil de Paris, lundi 26 septembre, ces observations sont une bonne surprise pour la maire (Parti socialiste, PS) de la ville, Anne Hidalgo, qui aura à affronter une opposition vivement remontée contre ce projet.

Boulevard Saint-Germain, axe de report

Compilées par la direction de la voirie et des déplacements de la mairie de Paris (DVD), ces données révèlent que sur les quais hauts, le nombre de véhicules/heure (v/h) a augmenté aux heures de pointe le matin de 73 % (2 023 contre 1 172 à la même période en 2015), et de 13 % (2 066 contre 1 824) aux heures de pointe le soir.

Sur le boulevard Saint-Germain, pressenti comme principal axe de report, la hausse du trafic se révèle moindre, ayant augmenté de 41 % le matin, (1 538 v/h contre 1 088 v/h) et de seulement 4 % le soir (1 930 v/h contre 1 856 v/h).

Or, sur ces deux axes, l’étude d’impact préalable réalisée par l’organisme indépendant Systra pour la mairie de Paris prévoyait, elle, un trafic sensiblement plus dense, avec un nombre de véhicules/heure plus important de 9 % le matin (2 220) et de 22 % le soir (2 664) sur les quais hauts. Et de + 12 % le matin (1 747) et + 3 % le soir (1 990) sur le boulevard Saint-Germain. Et encore ces prévisions portaient-elles sur une estimation de la situation après six mois de réalisation du projet.

Changement d’itinéraire

Aussi, il semble qu’un nombre non négligeable d’automobilistes ait d’ores et déjà intégré la mesure et se soit adapté en changeant d’itinéraire ou de mode de transport. En effet, en septembre 2015, il y avait 2 600 véhicules/heure qui empruntaient, le matin comme le soir, les quais bas, la voie désormais fermée à la circulation. Or le nombre total de véhicules/heure qui se sont reportés sur le quai haut et le boulevard Saint-Germain est bien inférieur le matin (1 301), comme le soir (316).

La direction de la voirie a aussi comparé les temps de parcours. Il apparaît que les automobilistes mettent quatorze minutes, soit une minute de plus qu’en 2015, pour aller des Tuileries au Bassin de l’Arsenal sur les quais hauts le matin ; et vingt minutes, contre quinze minutes en 2015 le soir.

Sur le boulevard Saint-Germain, le temps de parcours s’allonge bien davantage le matin où il faut treize minutes au lieu de six pour aller de la Concorde à l’Institut du monde arabe. Ce même trajet le soir ne prend toutefois que trois minutes de plus (seize contre treize en 2015)

Sur une distance plus longue, de la Concorde à Bercy, les automobilistes passant par les quais hauts mettent le matin vingt minutes, soit sept de plus qu’en 2015. Le soir, ils mettent le même temps (vingt-six minutes). S’ils passent par le boulevard Saint-Germain, leur trajet jusqu’à Bercy prend vingt minutes, contre onze en 2015. Et le soir, il prend une minute de moins qu’un an plus tôt (vingt-et-une minutes). Là encore ces chiffres sont inférieurs à ce que prévoyait l’étude d’impact réalisée dans le cadre de l’enquête publique qui a émis un avis défavorable au projet de la municipalité parisienne.

Des chiffres à affiner

Lundi, lors du débat au Conseil de Paris, Anne Hidalgo, qui a décidé de passer outre l’avis – consultatif – de la commission d’enquête, pourra se prévaloir du soutien d’une dizaine de maires de Seine-Saint-Denis qui, emmenés par le président du département, Stéphane Roussel, ont lancé, dimanche, sur le site Internet du JDD un appel en faveur de la piétonnisation des voies sur berges.

Les premiers chiffres d’impact vont être affinés lors des six mois d’expérimentation et d’observation décidés par le préfet de police de Paris.