Les mondiaux de « League of Legends », la grand-messe de l’e-sport
Les mondiaux de « League of Legends », la grand-messe de l’e-sport
Par François D'Astier
Les phases finales du sixième championnat du monde de « League of Legends » démarrent jeudi 29 septembre. Salles de concerts remplies à craquer, joutes virtuelles acharnées et… décalage horaire. Il s’agit du plus gros événement e-sport de l’année.
Les championnats du monde de League of Legends, communément appelé « Worlds » (mondiaux), sont au sport électronique ce que la coupe du monde de football est au sport traditionnel : l’épreuve la plus médiatique et la plus suivie.
Après une saison professionnelle servant d’étape qualificative, les seize meilleures équipes du monde, chacune composées de cinq joueurs titulaires, se mesurent pendant un mois lors de joutes virtuelles au « MOBA » roi. L’équipe gagnante empoche cette année encore la modique somme d’un million de dollars.
Les demi-finales des mondiaux 2015 de « League of Legends », entre Koo Tigers et Fnatic. | Riot
Un « MOBA », c’est un Multiplayer Online Battle Arena, c’est-à-dire un jeu vidéo mettant en scène des arènes dans lesquelles des joueurs se livrent bataille. La définition semble très large, elle cible en réalité un type de jeux très précis : vue de dessus, contrôle d’une seule unité (un « héros »), déplacements à la souris, et travail d’équipe pour détruire un bâtiment ennemi crucial, souvent appelé « Ancient » ou le « Nexus ». Ces jeux reposent sur une subtile alchimie entre univers fantastique, stratégie, action et dimension collective et compétitive. C’est ce qui fait leur immense succès.
L’événement e-sport de l’année
Ces phases finales sont bien sûr attendues par la large communauté de joueurs de League of Legends – ils sont plus de cent millions par mois à se connecter au jeu, selon l’éditeur Riot Games –, mais également par un nombre grandissant de spectateurs intrigués par la pratique du jeu vidéo en compétition.
Après sept ans d’existence et cinq éditions des Worlds, League of Legends reste le titre le plus regardé sur la plateforme de streaming Twitch selon son bilan de l’année 2015. En 2015 justement, le face à face final entre les deux formations coréennes SKT T1 et Koo Tigers a été suivi par 36 millions de spectateurs uniques avec un pic à 14 millions de spectateurs simultanés, selon les chiffres de Riot Games.
Difficile de savoir précisément le coût de l’organisation d’une telle compétition pour l’éditeur. Mais, indéniablement, le développeur américain met la main au porte-monnaie pour assurer une belle vitrine à sa compétition. En témoignent les prestigieuses salles où la compétition se déroule. Cette année, le Madison Square Garden de New York (18 200 places) et le Staples Center de Los Angeles (18 118 places) sont pleins à craquer pour les demi-finales et la finale fin octobre.
La retransmission sur Internet se professionnalise également d’année en année. Pendant, avant et après les parties, une vingtaine d’analystes se mobilisent pour commenter, décrypter, vulgariser les face-à-face et interviewer les joueurs.
Un hymne a même été composé pour l’occasion, à la manière de ce que l’UEFA avait pu demander à David Guetta pour l’Euro. Le DJ allemand Zedd a produit Ignite, dont le clip fait référence à plusieurs moments marquants des précédents mondiaux.
Worlds 2016: Zedd - Ignite
Durée : 03:47
La domination coréenne
L’e-sport est à ce point mondialisé et compétitif, que les équipes à ce niveau ne représentent pas (forcément) un pays, mais plutôt une région géographique où la concentration de talents est jugée suffisante.
Comme l’expliquait le journal l’Equipe dans son documentaire interactif sur l’e-sport, les joueurs s’entraînent souvent jusqu’à dix heures par jour pour intégrer, puis rester dans les meilleures formations du monde. Après une saison marathon, une poignée d’équipe se qualifie grâce à leurs performances (régularité, victoire lors d’un tournoi majeur ou du championnat officiel face à des équipes de la même région).
Pour les « Worlds 2016 », il y a trois équipes américaines (CLG, TSM, Cloud 9), trois équipes européennes (G2 Esport, H2K Gaming et Splyce), trois équipes coréennes (Rox Tigers, SKT T1 et Samsung), trois équipes chinoises (IMay, Edward Gaming et Royal Never Give Up), deux équipes de la région Asie du sud-est (ahq eSports Club et Flash Wolves) et deux « wildcards », des équipes ayant obtenu leur billet grâce à un tournoi qualificatif entre plusieurs équipes invitées (les russes d’Albus NoX Luna et les brésiliens d’INTZ e-Sports).
Get to know the #Worlds Group Stage: https://t.co/lnbwliKpfr https://t.co/5HQgnPQmJQ
— lolesports (@lolesports)
Depuis trois ans, la domination est systématiquement coréenne (2015, 2014, 2013). Seuls les surprenants Taipei Assassins (Taïwan, 2012) et Fnatic (Europe, 2011) ont également réussi à décrocher le prestigieux trophée. Mais cette année encore, les équipes favorites viennent d’Asie : SKT T1, Rox Tigers, Edward Gaming… Elles possèdent les meilleurs joueurs évoluant dans les ligues les plus exigeantes (chinoise et coréenne).
Le site officiel Lolesport a livré son classement des vingt meilleurs joueurs du monde. Sept des dix joueurs les mieux classés sont Coréens, et cinq Chinois figurent dans le top 20, contre seulement trois joueurs provenant d’écuries européennes et deux d’une équipe américaine. Parmi eux, seul le Danois Soren « Bjergsen » Bjerg jouant pour l’écurie TSM (Etats-Unis) se trouve dans le top 10.
A l’instar d’une confrontation entre Messi et C. Ronaldo, un duel à distance se dessine déjà entre deux grandes stars coréennes. Lee « Faker » Sang-hyeok (SKT T1), 20 ans, double champion du monde et considéré par la plupart des analystes comme le meilleur joueur de tous les temps, et Song « Smeb » Kyung-ho (Rox Tigers), 21 ans, élu deux années consécutives (2015, 2016) meilleur joueur de la ligue coréenne.
Suivez le programme
Les festivités démarrent jeudi 29 septembre avec le début des phases de poules. Et les spectateurs français peuvent d’ores et déjà s’armer de courage… et de café. Car contrairement à l’édition 2015, qui s’était déroulée en Europe, le tournoi 2016 a lieu sur le territoire américain. Comme pour les Jeux olympiques de Rio, le passionné devra faire avec le décalage horaire ou bien se contenter de rediffusion.
- Phases de groupe – du 29 septembre au 2 octobre, puis du 6 au 9 octobre à San Francisco
Les seize formations, réparties dans quatre groupes de quatre équipes, doivent affronter leurs adversaires de groupes deux fois lors de face-à-face en une manche gagnante. Un classement est défini par poule en fonction du nombre de victoires et de défaites, à la manière de ce qui peut exister dans les grandes compétitions sportives internationales. Les deux meilleures équipes de chaque poule se qualifient pour les quarts de finale.
Horaires : à partir de 16 heures à San Francisco, 1 heure du matin en France (excepté les 8 et 9 octobre, à 13 heures, 22 heures en France)
- Phases finales
A ce stade de la compétition, les affrontements se déroulent en trois manches gagnantes, au meilleur des cinq parties. Chaque face-à-face se solde par le passage d’une équipe au tour suivant et l’élimination du tournoi de l’autre. L’équipe qui remporte la finale est couronnée championne du monde 2016.
- Quarts de finales – du 13 au 16 octobre à Chicago, Chicago Theatre, à partir de 17 heures (minuit en France)
- Demi-finales – les 21 et 22 octobres à New York, Madison Square Garden, à partir de 18 heures, (minuit en France)
- Finale – le 29 octobre à Los Angeles, Staple Center, à partir de 16 heures (1 heure en France)
Comment les regarder ?
Sur la chaîne officielle de l’événement sur Twitch commenté en anglais ou sur la Web TV française O’Gaming, qui diffuse et rediffuse l’événement.