A Belfort, l’attente avant le plan du gouvernement
A Belfort, l’attente avant le plan du gouvernement
LE MONDE ECONOMIE
Le projet de l’Etat et d’Alstom est désormais fin prêt.
Le site d’Alstom Belfort maintiendra son activité après 2018. Manuel Valls, le premier ministre, l’a assuré dimanche 2 octobre au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro : « Mardi, nous sauverons le site d’Alstom à Belfort », a-t-il martelé.
Après deux semaines d’intenses discussions avec la direction d’Alstom, qui se sont achevées dimanche soir, le gouvernement et l’entreprise sont désormais prêts à présenter un plan alternatif à l’arrêt de la production sur le site belfortain et à son transfert vers Reichshoffen, en Alsace.
Mardi 4 octobre, après une réunion avec les élus locaux, Christophe Sirugue, le secrétaire d’Etat à l’industrie, et Henri Poupart Lafarge, le PDG du constructeur ferroviaire, doivent rencontrer à Belfort les syndicats du groupe. Ces derniers y ont été invités vendredi soir par mail. Ce même jour, les organisations syndicales d’Alstom ont reçu un mail annonçant l’annulation du forum syndical européen du groupe prévu également le 4 octobre. Cette instance devait lancer le processus de transfert d’ici à 2018 de 400 personnes de Belfort vers le site alsacien. Cela aurait signé l’arrêt de 137 années de fabrication ferroviaire dans la cité du Lion.
Tout est donc aujourd’hui en place pour que l’engagement du président de la République, François Hollande, d’un maintien de l’activité industrielle dans l’usine historique d’Alstom soit respecté. Les 480 salariés installés sur le site devraient y travailler au-delà de 2018, après la livraison des dernières locomotives de fret et des dernières motrices de TGV, qui circuleront sur la nouvelle ligne entre la région parisienne et l’Aquitaine.
Plusieurs pistes de commandes publiques
Alors qu’Alstom refuse toute communication depuis le début de la crise, le 7 septembre, Manuel Valls a rappelé les pistes de travail « concrètes » du gouvernement pour « sauver » Alstom (en France) : la commande publique, les investissements d’Alstom, le projet du TGV du futur et du bus du futur.
« Il s’agit d’un plan complet codéveloppé entre le gouvernement et Alstom, précise un bon connaisseur du dossier. Il donne des pistes et une vision d’avenir pour tous les sites en France. Ce n’est pas le grand soir pour la société, mais on s’éloigne singulièrement de la situation de départ qui prévoyait l’arrêt de la production à Belfort. »
Dans le détail, le gouvernement a déjà évoqué ces dernières semaines plusieurs pistes de commandes publiques : achat par la SNCF de TGV pour assurer la ligne Paris-Turin-Milan à partir de 2021, achat de 30 trains pour les trains d’équilibre du territoire (TET, ex-Intercités), en attendant également le résultat de plusieurs appels d’offres en cours (locomotives travaux pour la RATP, nouveaux TET achetés par l’Etat, 250 RER de nouvelle génération pour l’Ile-de-France).
Si ces propositions permettent de remplumer le carnet de commandes national d’Alstom et de ses sites hexagonaux, cela ne suffira pas à sortir de l’ornière Belfort ou La Rochelle, qui assemblent des TGV. Pour répondre plus spécifiquement à l’avenir de ces deux sites, le gouvernement lancerait une nouvelle commande de 16 TGV.
16 TGV à 30 millions pièce
De quoi donner de la charge pour près de deux années aux deux usines. Le temps nécessaire entre 2018 et 2020 pour les maintenir à flot, avant le lancement de la production de la nouvelle génération du TGV aujourd’hui en développement avec la SNCF. Ce nouveau TGV est attendu à partir de 2021 sur les lignes de production.
Qui utiliserait ces TGV et pour quelles lignes ? « C’est toute la question », s’interrogent plusieurs proches des négociations. Depuis la dernière commande de 40 rames de la SNCF, en 2013, la compagnie nationale n’a cessé de répéter qu’elle n’en avait plus besoin. La seule possibilité serait dès lors que l’Etat achète, en tant qu’autorité organisatrice des lignes Intercités, ces nouvelles rames. Il pourrait ensuite les faire opérer soit par la SNCF, soit par un autre opérateur après l’ouverture du secteur à la concurrence prévue au début des années 2020.
Cependant, à 30 millions d’euros pièce, ce serait un chèque de près de 500 millions d’euros à faire dans un contexte budgétaire tendu. « Il s’agirait avant tout de lancer les négociations sur cette commande, cela ne veut pas dire qu’elle sera signée dès mardi… », assure un bon observateur. Bercy, Alstom et la SNCF ne souhaitent pas commenter ce projet.
Véhicules routiers et ferroviaires électriques
En complément de ces commandes, le gouvernement a souhaité qu’Alstom redonne une perspective d’avenir au site de Belfort. Après l’arrêt de la production de locomotives de fret, prévu après 2018 et annoncé le 27 septembre par Henri Poupart-Lafarge lors de son audition à l’Assemblée nationale, le site cherche une seconde activité de fabrication au-delà de la maintenance ferroviaire.
Comme Manuel Valls l’a évoqué dimanche, Alstom pourrait y installer une nouvelle activité actuellement en gestation dans le groupe : la production de véhicules routiers (et ferroviaires) électriques. Il s’agirait notamment du bus électrique du futur. Là, encore, Alstom et Bercy restent discrets sur cette question. Cependant, la société devrait annoncer un plan d’investissement pour soutenir cette nouvelle activité à Belfort. De même, les élus locaux, qui ont dit être prêts à se mobiliser en faveur d’Alstom, pourraient être associés à l’installation de cette activité.