Equipe de France : le retour en grâce de Kevin Gameiro
Equipe de France : le retour en grâce de Kevin Gameiro
Par Rémi Dupré
Brillant avec l’Atlético Madrid, l’attaquant pourrait être titularisé par Didier Deschamps, vendredi, contre la Bulgarie.
Kevin Gameiro (à gauche) et Antoine Griezmann (à droite), à Clairefontaine, le 4 octobre. | FRANCK FIFE / AFP
Et si l’alignement des planètes profitait enfin à Kevin Gameiro en équipe de France ? Près de cinq ans après sa dernière titularisation avec les Bleus, en novembre 2011 à l’occasion d’un match amical contre les Etats-Unis, l’attaquant pourrait être aligné d’entrée par Didier Deschamps, vendredi, au Stade de France, lors de la réception de la Bulgarie, dans le cadre des éliminatoires au Mondial russe de 2018. Ce retour en grâce du buteur de 29 ans en sélection sonne comme une reconnaissance tardive à l’heure où les cartes sont rebattues, au gré des circonstances, dans le secteur offensif.
Si cette nouvelle donne découle en partie du forfait pour blessure d’Olivier Giroud, les belles performances de Gameiro avec son nouveau club de l’Atlético Madrid n’y sont pas étrangères. Régulièrement appelé par le sélectionneur Laurent Blanc avant l’Euro ukraino-polonais de 2012, l’ex-joueur de Strasbourg, de Lorient et du PSG a été longtemps snobé par son successeur. Ses trois victoires en Ligue Europa avec le FC Séville (2014, 2015, 2016) et ses 67 buts inscrits sous les couleurs du club andalou lui vaudront tout de même de figurer dans la liste des huit réservistes de Deschamps dans l’optique de l’Euro 2016. Signe que le bout du tunnel est proche.
En raison du forfait d’Alexandre Lacazette, le patron des Bleus met un terme à cette mise à l’écart de cinq années en retenant l’attaquant, transféré cet été contre 30 millions d’euros à l’Atlético, pour les deux matchs de rentrée de sa formation. Cantonné au banc des remplaçants, il assiste depuis son siège au succès (3-1) de ses coéquipiers en amical face à l’Italie. Le 6 septembre, il est préféré à André-Pierre Gignac pour entrer en jeu lors du piètre match nul (0-0) concédé par les Français en Biélorussie. Le mois suivant, il est logiquement conservé par Didier Deschamps pour la rencontre qualificative contre la Bulgarie et celle face aux Pays-Bas, programmée lundi 10 octobre à Amsterdam.
Les « GG » détonnent en Liga
En début de semaine, le natif de Senlis (Oise) affichait une mine radieuse dans les allées verdoyantes de Clairefontaine (Yvelines), le quartier général de la sélection. Il faut dire que l’attaquant flambe (trois buts, trois passes décisives en sept matchs en championnat) avec l’Atlético, actuel leader de la Liga. Le tandem qu’il forme avec son compatriote Antoine Griezmann, le leader technique des Bleus, fait trembler les filets. Et ce, sous le regard bienveillant de l’Argentin Diego Simeone, l’entraîneur charismatique des Colchoneros.
« C’est un joueur de talent, très intense et rapide, et j’espère qu’il va continuer à progresser pour nous offrir des alternatives en attaque avec [Angel] Correa, [Fernando] Torres et Griezmann », a récemment déclaré le technicien à propos de Gameiro.
Le 2 octobre, la paire française a d’ailleurs permis à l’Atlético de battre (2-0) Valence et de prendre la tête du championnat espagnol. Très complémentaire, le duo « GG » tendrait même à éclipser l’onéreuse triplette « MSN » (Messi, Suarez, Neymar) d’un FC Barcelone qui patine actuellement à la 4e place de la Liga. Antoine Griezmann, actuel meilleur buteur du championnat d’Espagne, confie au Monde :
« Kevin m’apporte beaucoup de liberté. Il amène un peu la défense avec lui et cela me laisse un peu de place dans l’axe. J’essaye ensuite de le trouver dans les bons moments et endroits. Sur mes six buts, il m’en a donné trois. Je le chambre de temps en temps. Je lui dis que c’est lui le passeur et moi le buteur. J’espère que le tandem “GG” va faire parler de lui encore et encore. Ça voudra dire qu’on aura marqué beaucoup de buts et fait gagner l’équipe. »
Sur les ondes de la radio espagnole Cadena Cope, Gameiro a récemment rendu un vibrant hommage à son compatriote, candidat au Ballon d’or 2016. « J’espère qu’il le gagnera, il a les qualités pour l’obtenir, a-t-il assuré. Je vais l’aider, je lui ferai le plus de passes possibles pour qu’il marque beaucoup de buts et obtienne le trophée. »
« Pas de mission spéciale » avec les Bleus
Alors que le jeu de l’Atlético correspond parfaitement à ses qualités techniques, Gameiro (9 sélections pour un but depuis 2010) pourrait donc être titularisé face à la Bulgarie comme attaquant de pointe.
La veille de la rencontre, Didier Deschamps s’est malicieusement efforcé de brouiller les pistes en conférence de presse. « Et Gignac, vous le mettez à la poubelle ? C’est moi qui vais choisir. Et tout peut fonctionner, a dit tout sourire le patron des Bleus. J’ai plusieurs options en cours et en début de match. Certains profils sont complémentaires. Gignac n’a pas le jeu de Gameiro, comme Fekir n’a pas le jeu de Gignac ou Gameiro d’ailleurs. »
Sur l’état de forme et les belles performances du buteur de l’Atlético, le sélectionneur ne s’est volontairement pas étendu. « Il est lui-même. Je ne lui en demande pas plus par rapport à ce qu’il a fait avant et ce qu’il fait à l’Atlético, a lâché le Basque. C’est quelqu’un de plutôt réservé. Il doit être naturel. Il n’a pas de mission spéciale. » Afin de prolonger cette embellie et s’inscrire dans la durée sous le maillot tricolore, Gameiro devra marquer des points aux yeux de Deschamps… et, idéalement, des buts contre les Bulgares.