Dans le désert californien, du rock et des « baby-boomeurs »
Dans le désert californien, du rock et des « baby-boomeurs »
Par Aude Lasjaunias (Indio, envoyée spéciale)
Le coup d’envoi du Desert Trip Festival, présenté comme « le concert du siècle », a été donné vendredi avec les prestations de Bob Dylan et des Rolling Stones.
Mick Jagger (au centre) lors du concert des Rolling Stones lors du Desert Trip Festival à Indio, le 7 octobre. | MARK RALSTON / AFP
« Forever Young », chantait Bob Dylan en 1974. Près de quarante ans plus tard, s’il n’a pas entonné ces vers sur scène, l’artiste de 75 ans a donné un caractère prophétique à ce refrain avec le coup d’envoi du Festival Desert Trip à Indio en Californie, vendredi 7 octobre.
Le natif de Dulth (Minnesota) a été le premier à se produire à l’occasion de l’événement que certains qualifient déjà de « concert du siècle », car il réunit sur une même scène six légendes du rock : outre Dylan, on retrouve les Rolling Stones, l’ex-Beatles Paul McCartney, Neil Young, The Who et l’ancien leader des Pink Floyd, Roger Waters.
Sans un mot pour les personnes venues assister à l’événement, moyennant à prix d’or leur place (de 399 dollars à plus de 1 599 dollars le pass pour les trois jours), le poète a livré une performance très blues d’une qualité sonore irréprochable, envoûtant de sa voix éraillée les spectateurs.
« Oldchella »
« La programmation du festival est bien rodée, fait valoir Marty Moffett, 53 ans, venu avec un ami. Bob Dylan, très calme, sert de “première partie” aux Stones qui vont déchaîner les foules. Demain [samedi], l’imprévisible Neil Young va ouvrir la voie à un Paul McCartney qui, à son habitude, va ravir le public en jouant ses classiques… Quant à dimanche, entre le grain de folie des Who et celui de Roger Waters, tout est possible ! »
A l’image de cet homme d’affaires de Los Angeles, le public du Desert Trip Festival a bien souvent les cheveux poivre et sel. Les « baby-boomeurs » règnent en maîtres sur les traverses du Polo Empire Field. « J’ai pu discuter avec plein de jeunes quand même, il y a un véritable mélange générationnel », se réjouit cependant Adam Cohen, 52 ans, originaire de New York.
Alors que le public cible de l’événement dépasse la moitié de siècle et que la moyenne d’âge des artistes se produisant atteint les 72 ans, les moqueries sont allées bon train. Le rendez-vous a même gagné le surnom d’« Oldchella », référence au très populaire festival de Coachella, qui se déroule chaque année dans le même lieu au mois d’avril.
Clin d’œil
Le leader des Rolling Stones, Mick Jagger, lui, a préféré rire de tout ça. Multipliant les allusions à l’âge avancé des membres du groupe et des autres têtes d’affiche, il a choisi de prouver sur scène à l’occasion d’une performance collective remarquable, que le poids des années n’a pas d’emprise sur le rock.
Les Britanniques ont réussi, sans difficulté, à faire se lever les 70 000 personnes présentes ce vendredi. Pas un centimètre de la scène surplombant la fosse n’a d’ailleurs été épargné par la sueur de l’Anglais et son déhanché légendaire.
Les Stones qui ont gratifié les fans de leurs principaux tubes – « Gimme Shetler », « Wild Horses », « Brown Sugar », « Sympathy for the Devil », « Satisfaction » – ont, en outre, offert le premier clin d’œil de ce Festival avec une reprise de « Come Together » des Beatles… De bon augure avant la prestation attendue de Paul McCartney, samedi.