Les VTC ivoiriens débarquent au Bénin mais ne font pas peur aux taxis-motos
Les VTC ivoiriens débarquent au Bénin mais ne font pas peur aux taxis-motos
Par Olivier de Souza (contributeur Le Monde Afrique, Cotonou)
Avec 50 voitures neuves, le « Uber » ivoirien Africab veut en découdre sur le marché béninois. Il en faut plus pour impressionner les « zémidjans ».
Avec une flotte de cinquante véhicules flambant neufs et une équipe de soixante chauffeurs formés, Africab, le leader ivoirien des véhicules de transport avec chauffeur (VTC), prépare son lancement sur le marché béninois. Après une phase de test commencée à l’été, les VTC d’Africab devraient être opérationnels à partir de novembre.
Pour ce faire, la société a signé une franchise avec MIG Logistics, filiale du groupe MIG Motors, importatrice de véhicules neufs de la marque Kia. Ensemble, les deux entités comptent, avant tout, faire adopter au consommateur béninois le concept des VTC.
L’appui du président Talon
Créée en début d’année à Abidjan, Africab enregistre près de 26 000 courses en Côte d’Ivoire. Un succès immédiat qui a conduit le groupe à lancer un plan de développement à travers la sous-région avec Cotonou pour premier point d’encrage.
L’arrivée des VTC au Bénin a reçu « le soutien indéfectible du gouvernement béninois », a reconnu Marie-Ignace Gnacadja, directeur général de MIG Logistics. Un coup de pouce de l’Etat marqué par l’accélération des différentes accréditations et des facilités liées à la procédure d’installation à l’aéroport de Cotonou.
D’ailleurs, comme l’explique le responsable, l’administration du président Talon a joué un rôle décisif dans le projet et s’est aussi dite prête à mieux accompagner le projet si l’activité générait 250 emplois d’ici un an. Un objectif que compte atteindre le tandem Africab-MIG Logistics au premier trimestre de 2017, date à laquelle il envisage, si tout se passe bien, de porter à 3 milliards de francs CFA (4,6 millions d’euros) son investissement, avec une flotte d’une centaine de véhicules.
« Urbanisation galopante »
« Les perspectives de développement qu’offre la capitale économique béninoise sont intéressantes, explique Vangsy Goma, le promoteur d’Africab, qui se trouve être le petit-fils d’Antoinette Sassou-Nguesso, première dame du Congo-Brazzaville. L’évolution des grandes villes africaines est caractérisée par une urbanisation galopante, alors que le marché du transport se structure très lentement. Ainsi, l’agglomération de Cotonou, avec quelque 1,8 million d’habitants, s’est fortement développée, mais les moyens de locomotion ne se sont pas encore transformés. »
Au Bénin, dans toutes les agglomérations, le secteur du transport est presque entièrement structuré autour des taxis-motos, qui sont bon marché. Les courses en ville se négocient entre 100 et 500 francs CFA (0,15 à 0,75 euro). Les transports en commun, eux, sont presque inexistants.
Mais la classe moyenne émergente, principale cible d’Africab, affiche des besoins différents. Pour Armel, un banquier trentenaire « les taxis-motos, c’est bien, mais il y a trop de pollution ». Sans compter les difficultés durant la saison des pluies : les trombes d’eau et les rues inondées. Armel estime que « s’il y a des services de transport ciblés qui garantissent la sécurité et le confort, les gens les adopteront ».
Les VTC, dix fois plus cher que les « zémidjans »
Comme à Abidjan, les tarifs de la course chez Africab commencent à 3 000 francs CFA (4,5 euros). « Tous les véhicules sont climatisés, proposent une connexion Internet haut débit et sont assurés tous risques. Nous disposons aussi d’un plan de géolocalisation », a indiqué le numéro un de MIG Logistics. Une formule qui semble séduire la demande locale. Selon des données fournies par le responsable, la quinzaine de véhicules détachés pour les tests ont été sollicités plus d’une douzaine de fois par jour.
Pour les nombreux « zémidjans », les conducteurs de taxis-motos interrogés, Africab et ses VTC ne constituent pas un concurrent sérieux, à cause de la trop grande différence entre les tarifs, de 1 à 10. « En toute modestie, ils ne peuvent pas nous concurrencer », assure Hubert, un « zémidjan » croisé au centre-ville. Quant aux taxis qui attendent les passagers, notamment étrangers, à l’aéroport, ils pourraient souffrir davantage. « Leurs véhicules sont neufs et très bien équipés. Du coup, notre activité risque de disparaître », déplore l’un d’eux.