C’est un éternel problème que bon nombre de ministres de l’éducation nationale ont tenté, en vain, de résoudre : le remplacement des professeurs absents. Chaque année, il refait surface inexorablement, au grand dam des parents, exaspérés par les emplois du temps « à trous » de leurs enfants.

Mais en cette fin de quinquennat, la Rue de Grenelle leur promet des « améliorations ». La ministre, Najat Vallaud-Belkacem, devait annoncer, mardi 18 octobre, une batterie de mesures qui s’appliqueront début 2017, avant le traditionnel « pic hivernal » des absences, entre janvier et mars.

Si le système de remplacement des enseignants fonctionne bien pour les absences de longue durée, auxquelles une solution est trouvée dans près de 97 % des cas, il est défaillant s’agissant des absences de courte durée.

Une semaine perdue par an

Dans le secondaire, seules 38 % de ces absences de moins de quinze jours sont remplacées. Résultat : chaque année, en moyenne, un collégien ou un lycéen « perd » vingt-neuf heures de cours par an – soit une semaine, sur les trente-six que compte l’année scolaire. Au primaire, ce sont deux jours et demi de classe par an et par écolier qui ne sont pas assurés ; la moyenne dépasse quatre jours dans les académies de Corse, Créteil, Paris et Versailles.

« Coup de communication » pour certains syndicats, « fausses bonnes solutions » pour d’autres, le plan élaboré par Mme Vallaud-Belkacem ne prévoit, en tout cas, rien de bien nouveau. La ministre entend surtout relancer des mesures existantes qui, avec le temps, étaient tombées aux oubliettes.

Dans le secondaire, il s’agit de faire appel à la bonne volonté des enseignants pour faire cours à la place de leur collègue absent, moyennant des heures supplémentaires. Cette possibilité existe depuis 2005, mais elle a vite été abandonnée pour diverses raisons : manque de volontaires, opposition du syndicat majoritaire, le SNES-FSU, manque d’impulsion locale… « A l’époque, beaucoup d’académies craignaient une flambée des heures supplémentaires, et le dispositif s’est enrayé dès le départ », rapporte Philippe Tournier, du Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN).

Aujourd’hui encore, le secrétaire général du principal syndicat des chefs d’établissement dénonce une « désinvolture » de l’administration sur la question des heures de cours perdues. « Pourquoi continue-t-elle à organiser des épreuves du bac, des formations, des réunions sur le temps de cours des élèves ? », s’agace-t-il.

« Le problème ne sera pas résolu »

Le ministère promet, lui, de relancer la machine : des protocoles pour organiser le remplacement entre collègues devront être présentés lors des prochains conseils d’administration des établissements scolaires. Des formations pourront aussi être organisées pendant les vacances scolaires (rémunérées et sur la base du volontariat) ; les jurys et préparations d’examen auront lieu « de préférence » le mercredi après-midi.

S’agissant du primaire, c’est une gestion départementale des enseignants remplaçants qui est avancée comme solution. Aujourd’hui, il existe différentes « brigades » de remplaçants : certaines sont dédiées aux absences de longue durée, d’autres aux formations ; d’autres encore interviennent sur des « zones d’intervention limitées » pour pallier les absences de courte durée, dans un rayon de plus ou moins vingt kilomètres de leur école de rattachement. « Désormais, tous auront vocation à effectuer, au vue des besoins, des remplacements à l’échelle du département », explique-t-on au ministère.

La fédération de parents FCPE, qui monte au créneau régulièrement pour exiger la « continuité du service public d’éducation », se félicite d’avoir été « entendue ». Au primaire, « la redéfinition des zones de remplacement, ajoutée aux créations de postes [3 500 emplois dédiés ont été créés depuis 2013, après les 1 500 supprimés sous la droite] peut permettre d’améliorer les choses », estime Hervé-Jean Le Niger, son vice-président.

Les principaux syndicats d’enseignants ne partagent pas cet optimisme. « On va perdre une gestion de proximité du remplacement, au plus près des besoins », déplore Francette Popineau du SNUipp-FSU, syndicat d’instituteurs. De son côté, Frédérique Rollet, du SNES, dénonce une « opération de communication » à destination des parents. « En fin de quinquennat, comme il n’y a plus rien à annoncer, il fallait bien montrer qu’on faisait quelque chose. Mais le problème ne sera pas résolu », assure-t-elle.