En Afrique, la pollution urbaine fait autant de victimes que la malnutrition des enfants
En Afrique, la pollution urbaine fait autant de victimes que la malnutrition des enfants
Par Le Monde Afrique
Selon une étude de l’OCDE, le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air a progressé de 36 % entre 1990 et 2013 pour s’établir à environ 250 000.
Le pont Ido à Lagos au Nigeria | © REUTERS
L’Afrique est à son tour gagnée par le problème de la pollution de l’air extérieur, selon une étude - la première du genre - publiée par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) le 17 octobre. Le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air par les particules ambiantes, a progressé de 36 % entre 1990 et 2013 pour s’établir à environ 250 000.
Ce chiffre demeure encore largement en dessous de celui des décès liés à la pollution de l’air domestique - 466 000 en 2013 - mais il a progressé deux fois plus vite. En Afrique, faute d’accès à l’électricité, l’utilisation de charbon de bois pour la cuisine et, dans certaines régions le chauffage, est une source majeure d’intoxication.
Certes la situation est loin d’être aussi grave que dans les pays émergents ou dans d’autres pays en développement, mais les auteurs - tout en reconnaissant la fragilité de la collecte de données sur le continent - estiment que le sujet mérite d’être porté à l’attention des gouvernements. La pollution de l’air extérieur rivalise désormais avec la malnutrition des enfants parmi les principales causes de décès prématurés.
Sources de pollution multiples
Ils pointent également la singularité de cette pollution urbaine. Londres et Lagos doivent répondre à des situations très différentes. Dans la première, la principale source de pollution est le transport. Dans la seconde, comme dans les autres villes du continent, « la situation est plus complexe ». Combustion des déchets, utilisation de poêle déficient pour la cuisine, utilisation de générateurs au gasoil, usines au cœur des villes, véhicules sans pots catalytiques… « Des cocktails de polluants qui ont disparu des villes occidentales depuis des décennies pourraient devenir un sérieux problème pour l’Afrique », avancent les auteurs, tout en reconnaissant modestement qu’ils n’ont « aucune certitude ».
Ils s’interrogent également sur le rôle de phénomènes naturels, comme les tempêtes de poussière venant du Sahara ou les feux de forêts, dans l’aggravation de la pollution urbaine.
Les trois pays les plus peuplés d’Afrique, Nigeria, Ethiopie et Egypte sont sans surprise les plus affectés par les effets de la pollution.
Au total, pour le continent, l’étude évalue le coût de cette mortalité prématurée liée à la pollution par les particules ambiantes à 215 milliards de dollars en 2013. Le coût économique dû à la pollution domestique était la même année d’environ 232 milliards de dollars.