Facebook : cachez ce sein que je ne saurais voir
Facebook : cachez ce sein que je ne saurais voir
LE MONDE ECONOMIE
Le réseau social est accusé d’avoir supprimé une vidéo sur le cancer du sein jugée trop osée.
Le logo de Facebook. | JUSTIN TALLIS / AFP
Ses algorithmes maladroits et ses mœurs puritaines continuent de jouer des tours à Facebook. Jeudi 20 octobre, l’association suédoise de lutte contre le cancer a accusé la firme dirigée par Mark Zuckerberg d’avoir supprimé une vidéo sur le cancer du sein jugée trop osée. Que montraient donc ces images présentées comme choquantes ? Une femme faisant les gestes nécessaires pour détecter des kystes éventuellement suspects.
« Nous trouvons incompréhensible et étrange qu’on puisse percevoir une campagne d’information médicale comme choquante, a affirmé la porte-parole de Cancerfonden, Lena Biörnstad. Ce sont des renseignements qui sauvent des vies, ce qui est essentiel d’après nous. Cela nous empêche de le faire. »
Pour que le géant du Net accepte de faire marche arrière, l’association a dû publier une lettre ouverte, et porter l’affaire sur la scène publique.
Rappelons les règles de fonctionnement de Facebook : la nudité est interdite sauf exception, comme l’allaitement, les œuvres d’art, ou les images aux « fins éducatives, humoristiques ou satiriques ». Ce sont les utilisateurs qui signalent les contenus choquants. Charge au réseau social de décider de les supprimer ou pas.
Levée de boucliers
Visiblement, le réseau social donne trop souvent raison à sa frange d’utilisateurs un brin trop prudes. Début septembre, la firme californienne avait face à une importante levée de boucliers en Norvège à la suite de la censure de la photo montrant une petite fille brûlée au napalm. Pris en 1972, le cliché, qui avait fait le tour du monde, avait contribué à arrêter la guerre du Vietnam.
En France, le réseau social avait censuré en 2011 L’Origine du monde, le célèbre tableau de Gustave Courbet, recommandé par un instituteur parisien passionné d’art. Cette fois, Facebook a refusé d’obtempérer et l’affaire est, cinq ans après, toujours devant les tribunaux.
A cela s’ajoute le fonctionnement hasardeux des algorithmes, qui ont récemment remplacé une équipe humaine, pour mettre en avant sur le réseau social les articles préférés des internautes. Là aussi, les erreurs n’ont pas manqué, Facebook ayant fait la promotion d’informations fausses et de vidéos ineptes. Ces dérapages sont autant de mauvaises publicités pour Facebook.