Deux chefs d’Al-Qaida en Afghanistan tués par des frappes américaines
Deux chefs d’Al-Qaida en Afghanistan tués par des frappes américaines
Le Monde.fr avec AFP
L’un d’eux, Farouq Al-Qahtani, est considéré comme un proche d’Oussama Ben Laden. Ce sont des documents trouvés dans le complexe où ce dernier se cachait qui ont révélé son rôle au sein de l’organisation terroriste.
Les deux hommes ont été tués par des missiles tirés par des drones. | © Handout . / Reuters / REUTERS
Deux hauts responsables d’Al-Qaida en Afghanistan ont été tués dans une frappe de drones américaine, infligeant une perte sévère au groupe djihadiste dans le pays, ont annoncé jeudi 27 octobre les services de renseignement afghans (NDS), confirmant une information révélée par un responsable américain sous couvert de l’anonymat.
Farouq Al-Qahtani et Bilal Al-Utabi étaient considérés respectivement comme les « numéro 1 et numéro 2 ou 3 » d’Al-Qaida en Afghanistan, a dit ce dernier. Il s’agit pour le Pentagone de « l’opération la plus importante contre Al-Qaida depuis plusieurs années, » a souligné un responsable américain. Selon Peter Cook, attaché de presse du Pentagone :
« Il s’agit des plus hauts responsables d’Al-Qaida en Afghanistan. Leur disparition représenterait un sérieux revers pour le groupe terroriste [dans le pays], qui reste déterminé à mener des attaques contre les Etats-Unis et leurs alliés et partenaires. »
Un proche de Ben Laden
Egalement connu sous le nom de Nayf Salam Muhammad Ujaym Al-Hababi, Qahtani est traqué depuis des années par les Etats-Unis. Proche d’Oussama Ben Laden, il est désigné comme « terroriste » par le Trésor américain depuis février. Ressortissant qatari, né en Arabie saoudite entre 1979 et 1981, il serait actif en Afghanistan depuis au moins 2009, selon une source américaine.
Ce sont des documents découverts lors du raid américain contre le complexe où vivait Oussama Ben Laden au Pakistan, en 2011, qui ont révélé l’importance de son rôle. Selon le Pentagone, c’est lui qui à partir de 2012 a lancé des kamikazes contre des bases des forces afghanes et des convois de la coalition occidentale.
Il est connu pour avoir recruté de nombreux jeunes dans la région au profit d’Al-Qaida, aujourd’hui sur le déclin. Il aurait aussi organisé le financement et la préparation d’attaques contre les forces de la coalition en Afghanistan, ainsi qu’en Asie du Sud-est et en Occident.
Il est considéré comme celui qui sollicitait et distribuait les fonds récoltés auprès des soutiens d’Al-Qaida dans les pays du Golfe pour financer les opérations extérieures du groupe et celles des talibans en Afghanistan, a dit une source américaine.
Au début de 2013, ses forces – une brigade de plusieurs dizaines de combattants – avaient ainsi tenté de prendre le contrôle de la province de Kunar pour en faire une base arrière des opérations extérieures d’Al-Qaida.
Bilal Al-Utabi « est celui qui a tout organisé pour faire de l’Afghanistan une base arrière sûre d’où menacer l’Occident, et qui a supervisé le recrutement et l’entraînement des combattants étrangers », a ajouté Peter Cook.
Localisé une première fois en 2012
Qahtani avait été localisé en 2012, mais la mission pour l’éliminer avait été suspendue à la dernière minute en raison du risque de victimes civiles.
L’attaque a eu lieu dimanche, dans la province de Kunar, dans le nord-est de l’Afghanistan, limitrophe du Pakistan, selon un communiqué du ministère de la défense états-unien. Elle a été menée « en coordination avec le NDS », selon le communiqué des renseignements afghans.
Les deux hommes se trouvaient dans le village de Hilgal, dans deux bâtiments distants de quelques centaines de mètres, lorsque plusieurs missiles tirés par un drone les ont visés quasi simultanément.
Au moins quinze insurgés ont été tués, dont des combattants talibans pakistanais et au moins deux combattants arabes, a déclaré un porte-parole de la province de Kunar, Abdul Ghani Mosamem.
La traque des talibans et membres d’Al-Qaida a été lancée en octobre 2001 par le président américain d’alors, George W. Bush, en représailles aux attaques du 11 septembre de la même année.