Les raisons de la fermeture de Vine, ancienne star des réseaux sociaux
Les raisons de la fermeture de Vine, ancienne star des réseaux sociaux
LE MONDE ECONOMIE
Filiale de Twitter, l’application mobile qui permettait d’enregistrer et de partager de courtes vidéos cessera d’exister d’ici quelques mois.
Clap de fin pour Vine. L’application mobile qui permet d’enregistrer et de partager de courtes vidéos va fermer ses portes au cours des « prochains mois », a-t-elle annoncé vendredi 28 octobre. Elle fait les frais des difficultés de Twitter, sa maison mère, qui cherche à devenir rentable. Mais elle paie aussi son incapacité à conserver ses utilisateurs les plus actifs face à la concurrence de YouTube, Facebook, Instagram ou encore Snapchat.
Vine a été créée en juin 2012. Avant même son lancement officiel, la start-up attire l’attention de Jack Dorsey. Le cofondateur de Twitter, redevenu directeur général en juillet 2015, pousse au rachat, qui intervient fin 2012 pour 30 milliards de dollars (27,40 milliards d’euros).
« Il pensait que Vine pouvait devenir plus grand que Twitter », indique Rich Greenfield, de BTIG Research.
« Dans la grande collection des meilleurs moments du Web »
Les débuts semblent lui donner raison. Lancée janvier 2013, Vine devient l’application gratuite la plus téléchargée aux Etats-Unis. Sept mois plus tard, elle revendique plus de 40 millions d’utilisateurs. Elle séduit par son format – des vidéos de six secondes qui tournent en boucle – et par sa facilité d’utilisation. Pas besoin de montage, l’enregistrement s’interrompt en relâchant le bouton. Il reprend en appuyant à nouveau. Très vite, le concept démontre tout son potentiel créatif.
Et de nouvelles stars, appelées « viners », émergent. Ils accumulent des millions d’abonnés et des milliards de vidéos vues. Le service est aussi utilisé pour documenter des événements d’actualité, comme les émeutes à Ferguson (Missouri). Ou encore pour publier les meilleurs moments de rencontres sportives. « Vine restera assurément gravé dans la grande collection des meilleurs moments du Web », estime Sébastien Frit, alias Seb la Frite, 250 000 abonnés au compteur.
Trop peu, trop tard
Les ennuis débutent en juin 2013 avec l’arrivée d’une fonctionnalité similaire sur Instagram, la populaire application de photos, filiale de Facebook. Vine subit aussi l’essor de Snapchat. En quête d’une audience toujours plus grande, « beaucoup de créateurs ont migré sur YouTube et Facebook », ajoute M. Frit.
Face à cette concurrence accrue, Vine accuse le coup. A l’été 2014, le nombre d’utilisateurs commence à décliner. Il est divisé par plus de cinq en moins de deux ans, selon les données compilées par le cabinet 7Park. Engluée dans des problèmes de gouvernance interne, la plate-forme n’évolue qu’à la marge – la limite de six secondes n’a par exemple été levée qu’en juin 2016.
« Vine n’a jamais favorisé la monétisation », souligne par ailleurs M. Greenfield.
« Ils ont été arrogants »
En avril 2015, Twitter tente bien de réagir en rachetant Niche, une société qui met en relation les créateurs avec les annonceurs. Cet été, Vine promet de s’ouvrir à la publicité et de partager ses recettes. Mais c’est trop peu, trop tard. « Ils ont été arrogants, ils étaient impossibles à joindre », explique, sur sa chaîne YouTube, DeStorm Power, six millions d’abonnés chez Vine. A l’automne 2015, une vingtaine de « viners » vedettes réclament des changements et une rémunération. Ils ne les obtiennent pas et décident de quitter la plate-forme ou de réduire leur production.
Pour Twitter, l’application était devenue un poids financier. Selon le New York Times, elle lui coûtait environ 10 millions de dollars par mois, entre l’infrastructure informatique et les salaires. Or, le réseau aux 140 caractères, en panne de croissance, veut faire des économies – il va ainsi supprimer 350 emplois supplémentaires. Les millions de clips déjà créés sur Vine resteront accessibles. Pour le moment.