Pas de libération conditionnelle pour « l’Afghane aux yeux verts »
Pas de libération conditionnelle pour « l’Afghane aux yeux verts »
Le Monde.fr avec AFP
Un tribunal pakistanais a rejeté, mercredi, la demande de libération conditionnelle de Sharbat Gula, l’Afghane rendue célèbre par un portrait en couverture du « National Geographic ».
Steve McCurry, qui pose entre les photos de Sharbat Gula prises en 1984, à gauche, et en 2002, à droite. | ULRICH PERREY / AFP
Un tribunal pakistanais a rejeté, mercredi 2 novembre, la demande de libération conditionnelle de Sharbat Gula, l’Afghane rendue célèbre par un portrait en couverture du National Geographic, soupçonnée de détention de faux papiers. Mme Gula avait été arrêtée la semaine dernière, accusée, comme des milliers d’autres réfugiés afghans au Pakistan, d’avoir obtenu frauduleusement une carte d’identité pakistanaise.
La saisissante image de la jeune fille, avec ses grands yeux verts mis en valeur par son foulard rouge, avait été prise dans un camp de réfugiés afghans au Pakistan par le photographe américain Steve McCurry. Publiée en 1984, elle a compté parmi les « unes » les plus connues de l’histoire du magazine américain et avait propulsé l’adolescente au rang d’icône du peuple afghan, alors sous occupation soviétique.
Le ministre de l’intérieur pakistanais, Chaudhry Nisar Ali Khan, avait assuré dimanche qu’il allait « revoir cette affaire (…) sous un angle humanitaire », laissant entendre que Mme Gula serait rapidement libérée. Mais mercredi, un juge dans la ville de Peshawar a rejeté la demande de libération conditionnelle, se disant peu convaincu par les arguments de la défense.
Désespoir des réfugiés afghans
Elle a obtenu deux documents d’identité, a souligné le juge Farah Jamshed dans son jugement, qui clôt deux ans d’enquête : « En deux occasions, elle s’est donc fait passer pour une citoyenne pakistanaise, sans en avoir légalement obtenu le statut. » Mme Gula avait déposé une demande de carte d’identité pakistanaise à Peshawar en 2014, sous le nom de Sharbat Bibi, selon des responsables.
Son cas illustre le désespoir de nombreux réfugiés afghans à l’idée d’être renvoyés dans leur pays d’origine, où la guerre sévit toujours, alors que le Pakistan les pousse au départ. Le Pakistan comptait récemment jusqu’à 1,4 million d’Afghans enregistrés comme réfugiés selon le HCR, ce qui en fait le troisième pays accueillant le plus de réfugiés au monde. Le nombre de réfugiés sans papiers était parallèlement estimé à environ un million.
Après avoir accueilli les Afghans fuyant la guerre pendant des décennies, depuis l’invasion soviétique de 1979, le Pakistan a accentué la pression ces derniers mois sur les réfugiés afghans, tandis que l’ONU doublait les primes de retour. En conséquence, des centaines de milliers d’entre eux sont retournés au pays depuis juillet, laissant craindre une crise humanitaire majeure en Afghanistan.