Andy Murray après sa victoire au Master 1000 de Paris contre l’Américain John Isner (6-3, 6-7, 6-4). | MIGUEL MEDINA / AFP

C’est un sacre par défaut qui met fin au long règne (122 semaines) de Novak Djokovic à la tête du tennis mondial. L’Ecossais Andy Murray est devenu lundi, numéro 1 du classement ATP, grâce au forfait de Milos Raonic en demi-finales, lors des Masters 1000 de Paris. Dans le même temps, Djokovic perdait face à Marin Cilic en quarts de finale. Un alignement des étoiles inespéré.

« C’est dommage que cela arrive de cette façon, j’aurais aimé obtenir cette place en gagnant sur le terrain. Mais je retiens surtout que cela a été des années de travail pour en arriver là. » L’orgueil du champion l’empêche inévitablement de savourer pleinement son nouveau statut, mais Andy Murray va bien devoir s’en contenter, il est le 26e joueur de tennis à prendre la première place depuis la création du classement ATP en 1973 ; le premier Britannique. « Devenir numéro 1 mondial, c’est un travail sur douze mois », a tout de même concédé « Angry Murray ». De cinq surtout. Parce que tout s’est joué en cinq mois pour l’Ecossais.

Le 5 juin dernier, les deux premiers du classement ATP s’affrontent en finale de Roland-Garros. Djokovic s’impose en quatre sets (3-6, 6-1, 6-2, 6-4) et remporte enfin une finale qu’il avait déjà disputé trois fois. Murray est relégué à plus de 8 000 points du leader mondial, et la question commence à se poser : et si Djokovic avait tué le tennis ?

Le retour de Lendl

Il faut se rappeler. En battant Andy Murray en finale des Internationaux de France, Djokovic inflige à son adversaire sa troisième défaite en dix-huit mois en finale d’un Grand Chelem. C’est aussi la 13e victoire en 15 confrontations du Serbe sur l’Ecossais. Djokovic est sur des bases encore plus impressionnantes que l’année dernière. Il arrive à Wimbledon en favori logique.

Une semaine après cette énième finale perdue, Murray a rappelé Ivan Lendl dans son staff. C’est avec lui qu’il avait connu ses premiers succès : l’US Open et les Jeux olympiques en 2012, puis Wimbledon en 2013, qu’aucun Britannique n’avait remporté depuis soixante-dix-sept ans. Lendl revient et Murray remporte Wimbledon, le 11 juillet. Quand Djokovic s’incline dès le troisième tour face à Sam Querrey. À la mi-juillet, un peu moins de 5 000 points séparent les deux hommes.

Djokovic remporte ensuite l’Open du Canada mais se fait sortir au premier tour des Jeux olympiques que Murray remporte pour la deuxième fois. Et tant pis, si cette année les JO ne permettent pas d’engranger des points au classement ATP. A l’US Open au début de septembre, Murray s’incline en quarts de finale face à Nishikori ; Djokovic, en finale contre Wawrinka. L’écart se maintient, mais le Serbe enchaîne les pépins physiques aux poignets et aux épaules. Impressionnant l’Ecossais gagne lui à Pékin, Shangaï puis Vienne, et refait son retard. Avant de doubler définitivement Djokovic, samedi, grâce à la blessure de Raonic.

La baisse de régime de Djokovic

C’est un fait, Andy Murray doit autant sa première place à une incroyable deuxième partie de saison, qu’à un gros coup de mou de la belle machine Djokovic. Murray a atteint la finale dans 11 de ses 12 derniers tournois. Depuis sa défaite à Roland Garros, il a remporté 45 matchs pour seulement 3 défaites. Djokovic a lui perdu cinq fois en 22 matchs et concédait dès vendredi : « Il est très près d’y arriver et il le mérite. La façon dont il a élevé son niveau ces derniers mois est extraordinaire », déclarait le Serbe. [A Roland-Garros], j’ai ressenti beaucoup d’émotions, beaucoup de sensations. La fierté et la satisfaction étaient immenses, mais c’était aussi épuisant », s’est justifié le champion, assurant qu’il n’était « pas trop inquiet pour l’avenir » : « J’ai joué longtemps au plus haut niveau possible. Les baisses de forme sont normales. »

Si Andy Murray veut désormais devenir le 17joueur à clore une saison en tête du classement ATP, il va devoir réaliser une nouvelle grosse performance lors des Masters de Londres qui ont lieu de 13 au 20 novembre prochain. En 1999, Patrick Rafter n’avait pu conserver sa couronne qu’une seule petite semaine. Mais le tennis a déjà eu l’occasion de voir un Murray en numéro 1. Cet été, c’est son frère, Jamie, qui occupait la place en double hommes. Forcément, maman a de quoi être fière.