La forêt silencieuse
La forêt silencieuse
LE MONDE ARGENT
Partout en France, des entreprises, des coopératives, des associations et des mutuelles appartenant au monde de l’économie sociale et solidaire (ESS) se développent. Elles défendent la gouvernance démocratique, la primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt individuel, la protection de l’emploi plutôt que la course au profit, le respect de l’environnement...
L’ESS représente 10 % de l’emploi salarié en France, et crée plus de 100 000 emplois chaque année | Nini la caille
« L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse », dit un proverbe chinois. Dans le rôle du bûcheron, Vincent Bolloré, le pompier-pyromane de Canal+, s’acharne à casser un jouet qu’il a obtenu avec à peine 20 % du capital de Vivendi. Vous avez dit problème de gouvernance ? Les salariés, les fournisseurs (et certains actionnaires) du groupe en viendraient presque à regretter l’époque de Jean-Marie Messier, c’est dire.
Heureusement, loin du tumulte parisien et du regard des médias, une forêt est en train de s’élever, sans faire de bruit. Partout en France, des entreprises, des coopératives, des associations et des mutuelles appartenant au monde de l’économie sociale et solidaire (ESS) se développent.
Elles défendent d’autres valeurs que celles de M. Bolloré : une gouvernance démocratique, la primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt individuel, la protection de l’emploi plutôt que la course au profit, le respect de l’environnement, l’ancrage dans un territoire… L’ESS représente 10 % de l’emploi salarié en France, et crée plus de 100 000 emplois chaque année.
« Une alternative »
Les entreprises lauréates de la 7e édition des Grands Prix de la finance solidaire sont nées dans le Nord,en Isère, à Paris… Elles sont irriguées par les canaux de cette épargne vertueuse. Elle ne représente qu’une goutte d’eau, mais elle montre que face à la finance folle, qui met à terre notre modèle social, il existe une alternative.
« Le système résiste car l’opinion croit qu’il n’y a rien d’autre. Tétanisées par la peur, les classes moyennes, qui constituent le gros des consommateurs et des épargnants, ont le pouvoir de faire bouger les choses, mais elles ne le savent pas », constate Claude Alphandéry, fondateur de France Active.
Le rôle des Grands Prix de la finance solidaire est précisément de promouvoir cette alternative auprès du plus grand nombre, afin de faire prendre conscience aux épargnants qu’une révolution silencieuse est en marche. Il ne tient qu’à eux, qu’à nous tous, qu’elle réussisse.