Des dizaines de milliers de manifestants demandent la démission de la présidente Park Geun-Hye, à Séoul, Corée du Sud, le 12 novembre 2016. | JEON HEON-KYUN / AFP

La colère monte d’un cran en Corée du Sud. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues, samedi 12 novembre, dans les rues de la capitale Séoul pour participer à l’une des plus grandes manifestations antigouvernementales depuis des décennies. L’objectif, réclamer la démission de la présidente Park Geun-Hye, empêtrée dans un retentissant scandale d’Etat.

La manifestation qui a commencé à 16 heures (8 heures en France) devant l’hôtel de ville de Séoul, est la troisième d’une série de protestations hebdomadaires contre Mme Park qui se bat pour sa survie politique. Elle devrait rassembler 170 000 participants, selon la police, mais les organisateurs misent plutôt sur le million.

Les autorités ont appelé au calme et 25 000 policiers ont été déployés dans la capitale, bloquant tous les accès à la Maison Bleue, le siège de la présidence.

La présidente Park Geun-Hye est accusée d’avoir été sous la coupe d’une sulfureuse conseillère de l’ombre, Choi Soon-Sil, qui aurait profité de son ascendant pour contraindre des groupes industriels nationaux, comme Samsung, à verser de larges sommes à des fondations douteuses, sommes qu’elle aurait ensuite utilisées à des fins personnelles.

Le « Raspoutine » sud-coréen

Dans une tentative d’apaisement, la présidente a présenté plusieurs fois ses excuses, limogé de hauts responsables et même accepté de renoncer à certaines de ses prérogatives, mais en vain. « Park Geun-Hye doit démissionner, parce qu’elle n’a pas pris soin de notre pays », a lancé Pak Ye-Na, un collégien âgé de 11 ans, venu manifester.

« C’était notre anniversaire de mariage hier, mais nous avons annulé notre voyage d’anniversaire et sommes venus à Séoul parce que nous pensons que c’est plus important pour notre fille », a pour sa part affirmé Cho Joo-Pyo, venu avec sa femme et leur fille de deux ans de Jeonju, une ville située à environ 200 km au sud de Séoul.

Si Mme Park a reconnu être responsable du scandale qui implique sa confidente, en ayant été, par amitié, « négligente » et insuffisamment vigilante, elle a toutefois démenti des informations selon lesquelles elle aurait participé, sous l’influence de celle que les médias sud-coréens surnomment « Raspoutine », à un culte religieux d’inspiration chamanique.

Mme Choi a été arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir alors que les procureurs poursuivent leur enquête.

La manifestation de samedi est l’une des plus importantes en Corée du Sud depuis les grands rassemblements pro démocratie de la fin des années 80 et du début des années 90.