Brexit et attentats pèsent sur easyJet
Brexit et attentats pèsent sur easyJet
LE MONDE ECONOMIE
La baisse de la livre a pénalisé la compagnie aérienne à bas coût. L’impact sur les résultats devrait être encore plus important en 2017.
La compagnie à bas coût britannique aura connu une année 2016 paradoxale. Pour la première fois depuis 2009, son bénéfice net a nettement reculé. Selon les résultats de son exercice annuel clos fin septembre, publiés mardi 15 novembre, les bénéfices de la compagnie low cost ont chuté de 27,9 %, à 495 millions de livres (577 millions d’euros). Ces chiffres ne constituent pas une véritable surprise pour les analystes, la direction ayant dès octobre avertit de l’ampleur de cette reculade.
Comme ses concurrentes, la compagnie britannique a subi les conséquences de la série d’attentats à Paris et à Nice, mais aussi en Egypte et en Turquie, explique François Bacchetta, directeur général d’easyJet France. Les attaques terroristes ont fait fuir les touristes pendant quelques semaines. « Un contexte difficile qui a eu un impact sur l’industrie » du transport aérien, déplore-t-il. La low cost paie aussi la facture du Brexit. La chute de la livre par rapport à l’euro a amputé le bénéfice de 88 millions de livres en 2016. L’an prochain, la compagnie prévoit que la note sera plus salée encore. Elle devrait s’établir à 90 millions de livres.
Un nombre record de passagers en 2016
Outre une ponction sur ses bénéfices, le Brexit pourrait aussi modifier l’activité d’easyJet dans le ciel européen. Notamment en entravant la circulation de ses avions. Pour écarter cette menace, la compagnie cherche à acquérir un certificat de transport aérien (CTA) d’un pays membre de l’Union européenne. L’affaire serait en bonne voie. L’annonce serait même « imminente », a indiqué Carolyn McCall, directrice générale d’easyJet. Le transporteur joue gros : plus de la moitié de sa flotte est basée au Royaume-Uni, son premier marché, où elle capte à elle seule 20 % du court-courrier.
Il n’empêche, easyJet ne voit pas tout en noir. En 2016, la compagnie a transporté un nombre record de passagers : 73,1 millions, soit une hausse de 6,6 % par rapport à 2015. Même en France, elle a enregistré une hausse du trafic avec « plus d’un million de passagers supplémentaires », se félicite M. Bacchetta.
A moyen terme, « il n’y a pas eu de baisse du trafic en France, et la compagnie a ajouté plus de capacités ». Une stratégie qui sera poursuivie. Après avoir ouvert trente-six nouvelles destinations en 2016 depuis et vers la France, easyJet prévoit de poursuivre sur sa lancée. Et va ajouter deux avions à sa flotte basée en France, pour atteindre trente appareils.
La flotte va s’agrandir
Pour M. Bacchetta, « le marché français est toujours en rattrapage. Il est sous-servi », par rapport au reste de l’Europe. Air France a mieux résisté à la montée en puissance des compagnies à bas coût. En France, leur part de marché s’établie à 30 %, contre 48 % dans le reste de l’Europe. EasyJet, « deuxième compagnie en France, avec plus de mille employés tous sous contrat français », selon M. Bacchetta, veut persister à grappiller des parts de marché. « En France, où notre croissance est plus rapide que celle du marché », ajoute-t-il.
La flotte d’easyJet va continuer de s’agrandir, annonce M. Bacchetta. « D’ici trois ans, elle comptera plus de 300 avions, contre 256 aujourd’hui », fait-il savoir. Au printemps 2017, la compagnie recevra même son premier A320neo, le dernier-né d’Airbus, qui consomme 10 % de carburant en moins et peut transporter 186 passagers, au lieu de 180 pour les A320 de la génération précédente. A cette occasion, easyJet va réaménager la cabine de tous ses appareils pour y loger 186 sièges. « Cela nous apportera de la croissance et réduira les coûts unitaires », indique le directeur général. Ce dernier prévoit aussi « un coût au siège stable pour les trois à quatre ans à venir ».
En revanche, la compagnie britannique ne veut pas profiter de la vogue du low cost long-courrier. « Ce n’est pas le même métier, pas les mêmes avions, précise M. Bacchetta. Nous détenons 9 % de part de marché en Europe sur le court-courrier. Nous allons rester sur ce que nous savons faire. »