Le 23 mai 2005, Donald Trump annonce à New York la création de la « Trump University ». | Bebeto Matthews / AP

Donald Trump a finalement cédé. Le futur président des Etats-Unis a annoncé, vendredi 18 novembre, avoir accepté un accord avec des anciens étudiants de l’ex-« Trump University », qu’il avait créée en 2004. Pour échapper au procès, qui avait été repoussé au 28 novembre, il s’est engagé à verser 25 millions de dollars d’indemnités à ces plaignants, et à payer 1 million de dollars d’amende pour avoir enfreint les lois sur l’éducation.

De 2005 à 2010, la « Trump University » a prétendu enseigner les secrets d’un enrichissement rapide dans l’investissement immobilier, promettant de faire intervenir les plus proches collaborateurs du magnat pour délivrer ces recettes. Après un premier cours gratuit, les tarifs des prestations s’échelonnaient – comme l’explique CNN money – de 1 495 dollars pour un séminaire de trois jours, à plus de 10 000 dollars pour un « mentorat » et jusqu’à 35 000 dollars pour le « Gold Elite Program ». Un prix jugé disproportionné au regard du contenu des séminaires dispensés par cette entreprise à but lucratif.

« Séminaire bidon »

Selon des dépositions transmises à la justice, d’anciens employés avaient ainsi reconnu que l’« Université Trump » était un « mensonge total » et que les formations étaient dispensées par des gens « non qualifiés qui se faisaient passer pour des bras droits de Donald Trump », rapporte l’AFP. « Dès le premier séminaire, je me suis rendu compte que c’était bidon, parce qu’ils essayaient de me vendre un autre programme pour 9 000 dollars », a aussi expliqué à l’AFP l’un des plaignants, Robert Guillo, évoquant « une escroquerie ». Donald Trump a toujours rejeté catégoriquement ces accusations, mettant en avant de nombreux témoignages d’anciens étudiants satisfaits de leur formation.

Plusieurs milliers d’élèves avaient porté plainte dès 2010, et une procédure judiciaire avait été lancée en 2013. La « Trump University » avait aussi été mise en demeure de changer de nom (et s’était muée en « Trump Entrepreneur Initiative ») car elle ne disposait pas de licence universitaire.

« Université frauduleuse »

Sur les 25 millions de dollars que Donald Trump va verser, 21 millions reviendront à plusieurs milliers d’anciens qui s’étaient réunis dans une « class action » (plainte collective), et 4 millions à d’autres étudiants dans le cadre de la procédure judiciaire initiée par l’avocat Eric T. Schneiderman en 2013. Ce dernier a salué « un revirement impressionnant de Donald Trump et une victoire importante pour les plus de 6 000 victimes de son université frauduleuse », comme le rapporte le Wall Street Journal.

Jusqu’alors, Donald Trump avait exclu toute négociation. Pendant la campagne électorale, il avait suscité la controverse en attaquant le juge chargé du dossier, Gonzalo Curiel, sur l’origine mexicaine de ses parents.

Désormais, le président élu fait comme si cet accord n’était pas un avœu de culpabilité. « La SEULE mauvaise chose concernant la victoire à la présidentielle est que je n’ai pas le temps d’engager une longue procédure judiciaire à propos de Trump. Dommage ! », s’est-il défendu dans ce tweet :

La sénatrice démocrate Elizabeth Warren avait, elle, souligné, dans un tweet très partagé, qu’« il est totalement sans précédent pour un président élu des Etats-Unis d’avoir à régler les procès de fraude avant d’entrer en fonction » :

Et l’élue de s’inquiéter de la façon dont la future administration Trump se préoccupera, à l’avenir, du sort des étudiants victimes des abus d’institutions d’enseignement supérieur à but lucratif.