L’armée birmane accusée d’exactions à l’encontre de la minorité musulmane des Rohingya
L’armée birmane accusée d’exactions à l’encontre de la minorité musulmane des Rohingya
Le Monde.fr avec AFP
Ces violences meurtrières constituent un défi pour Aung San Suu Kyi et son gouvernement qui affirment que seules 300 maisons ont été détruites.
Maison Rohingya abandonnée dans le village d’U Shey Kya, non loin de Maungdaw, dans l’Etat de Rakhine, en Birmanie, le 26 octobre 2016. | © SOE ZEYA TUN / REUTERS
Plus d’un millier de maisons ont été rasées dans des villages musulmans de l’ouest de la Birmanie, où armée et rebelles, « islamistes » selon les autorités, s’affrontent depuis octobre, selon des images satellite diffusées lundi 21 novembre, par l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch.
Ces images prises entre le 10 et le 18 novembre montrent que plus de 800 nouveaux bâtiments ont été détruits dans cinq villages de cette région de l’Etat de Rakhine bouclée par l’armée depuis des semaines. Cela porte à plus de 1 200 le nombre de maisons détruites ces dernières semaines, selon l’ONG.
La minorité musulmane des Rohingya (communément appelés « Bengalais » en Birmanie, où ils sont considérés comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin) est forte d’un million de personnes dans cette région de l’Etat de Rakhine. Des dizaines de milliers d’entre elles vivent dans des camps de déplacés depuis les affrontements meurtriers entre bouddhistes et musulmans en 2012.
Défi pour le gouvernement d’Aung San Suu Kyi
Ces violences meurtrières constituent un défi pour Aung San Suu Kyi et son gouvernement, premier exécutif civil en Birmanie depuis des décennies. Le gouvernement affirme de son côté que seules 300 maisons ont été détruites, par des « terroristes » soucieux de « semer la confusion entre les troupes gouvernementales et le peuple ».
L’armée birmane est accusée de graves abus contre la minorité musulmane, du viol au meurtre de civils ; des accusations difficiles à vérifier de source indépendante, l’accès à la région étant filtré par les autorités, et les journalistes, interdits.
La rapporteuse spéciale de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour la Birmanie, Yanghee Lee, a appelé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi à « une action urgente » pour protéger les civils dans l’Etat de Rakhine. Mais de facto, sur le terrain, l’armée, qui tient toujours les rênes des ministères de l’intérieur et de la défense, a le contrôle.
Quelque 30 000 personnes ont été déplacées par les violences qui ont fait des dizaines de morts depuis octobre dans l’Etat de Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie à la frontière avec le Bangladesh, où se concentre la minorité Rohingya, a annoncé, vendredi, un porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaire de l’ONU (OCHA).