TV: Sondeurs, levez-vous!
TV: Sondeurs, levez-vous!
Par Alain Constant
Une instructive plongée dans l’histoire de ces enquêtes statistiques qui rythment la vie politique française (sur LCP à 0 h 30).
LCP
Né aux Etats-Unis en 1935, lorsque le sociologue et statisticien George Gallup fonde l’American Institute of Public Opinion, le sondage politique est devenu une véritable passion française. Une passion pour laquelle les dirigeants – de l’Elysée au ministère de l’intérieur en passant par Matignon – ont depuis longtemps pris l’habitude de dépenser des fortunes.
Roland Cayrol, observateur averti, livre avec ce documentaire une instructive plongée dans l’histoire de ces enquêtes qui rythment la vie politique française. Il donne la parole à des témoins, responsables politiques, journalistes, pour qui les sondages font partie de leur quotidien. Et pioche quelques perles dans les archives de la télévision qui permettent de revoir certains épisodes mouvementés avec Charles de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing ou Edouard Balladur, tous aux prises avec des sondages ayant fait polémique à l’époque.
François Bayrou livre plusieurs analyses sur le phénomène : « Soit un sondage vous déstabilise, soit il vous rassure. Dans les deux cas, c’est mauvais… Les sondeurs compétents ont aussi quelque chose à dire. Il est plus intéressant d’entendre leurs voix que leurs chiffres. »
Assez remontée mais lucide, Nathalie Kosciusko-Morizet affirme : « Le politique a deux défauts : le narcissisme et le court-termisme. Mal utilisé, le sondage le complaît dans ses deux défauts ! » Constat partagé en partie par Laurence Parisot, ancienne présidente du Medef et vice-présidente de l’IFOP : « Le personnel politique a une utilisation quasi puérile des sondages. »
LCP
Le trio politiques-journalistes-sondeurs mène-t-il un jeu dangereux ? « Il n’y a pas de connivence », affirme Christophe Barbier, éditorialiste à L’Express. François Bayrou n’est pas de cet avis : « Il arrive qu’il y ait des manipulations. »
Un sentiment partagé à sa manière par NKM : « Ce qui est fâcheux, c’est quand on a l’impression que le sondage est manifestement orienté. Cela arrive. » Un débat, présenté par Jean-Pierre Gratien avec Roland Cayrol, les journalistes Françoise Degois et Eric Decouty ainsi que Frédéric de Saint-Sernin, ancien conseiller de Jacques Chirac, sur les études d’opinion et les sondages suivra la diffusion du documentaire dont le mot de la fin revient à un François Hollande souriant : « Le vainqueur de novembre n’est jamais celui du mois de mai. »
Sondages : influences et pouvoirs,d’Olivier Vaillant et Roland Cayrol (Fr., 2016, 52 min).