Turquie : la justice ordonne la libération de la célèbre romancière Asli Erdogan
Turquie : la justice ordonne la libération de la célèbre romancière Asli Erdogan
Le Monde.fr avec AFP
Arrêtée chez elle dans la nuit du 16 au 17 août, la romancière et militante des droits de l’homme était incarcérée à la prison pour femmes de Bakirköy, à Istanbul.
Elle aura passé près de quatre mois à la prison pour femmes de Bakirköy, à Istanbul. Victime de la purge organisée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à la suite du coup d’Etat manqué du 16 juillet, la célèbre romancière Asli Erdogan a été libérée sur décision d’un tribunal turc, mercredi 23 novembre.
Elle était détenue depuis août sous l’accusation de collaboration avec un journal prokurde. Durant sa détention, elle a reçu le soutien de dizaines de milliers de personnes, notamment des éditeurs et des écrivains, qui ont signé une pétition pour réclamer sa libération.
La traductrice et autrice Necmiye Alpay, arrêtée elle aussi en août, sera également libérée, a précisé la chaîne NTV.
Conditions de détention
Arrêtée chez elle dans la nuit du 16 au 17 août, Asli Erdogan est une romancière connue dont les ouvrages sont traduits dans plusieurs langues. Son dernier roman, Le Bâtiment de pierre (Actes Sud, 2013), raconte l’enfer de la détention carcérale, une épreuve à laquelle ce petit bout de femme énergique de 49 ans a été confronté pour avoir rédigé dans les colonnes d’Ozgür Gundem, qui ne tire qu’à 7 500 exemplaires, des éditoriaux favorables à la cause kurde. Elle y déplorait les vies perdues à l’hiver 2015-2016, quand le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avait lancé des soulèvements armés dans les localités kurdes du sud-est du pays (Sur, Cizre, Varto, Nusaybin).
Physicienne de formation, résolument non violente, Asli Erdogan a fait de la défense des minorités (Kurdes, Arméniens, transsexuels) son cheval de bataille depuis les années 1990. Inculpée d’« appartenance à une organisation terroriste » et de « trouble à l’ordre public », elle a été détenue à la prison pour femmes de Bakirköy. Souffrant de diabète et d’asthme, elle s’était plainte récemment des conditions de détention, déplorant le manque d’accès aux médicaments, l’absence de promenades quotidiennes dans la cour. Son séjour à Bakirköy risque de lui laisser « des dommages physiques irréparables », avait-elle confié à ses avocats, dont le récit avait été publié par Cumhuriyet le 24 août.