Au lendemain de l’ultime débat télévisé de la primaire de la droite et en attendant le dénouement, dimanche 27 novembre, un certain soulagement était perceptible ce vendredi matin dans les camps de François Fillon et d’Alain Juppé. 8,5 millions de téléspectateurs ont suivi cet échange sur TF1 et France 2, selon Médiamétrie.

  • Satisfaction et confiance dans le camp Fillon

Avec ce débat télévisé, « la droite a gagné vingt-cinq ans en maturité », estime Luc Chatel qui, comme la quasi-totalité des soutiens de Nicolas Sarkozy, a rallié François Fillon.

Le porte-parole de François Fillon Jérôme Chartier, qui était « très inquiet », ces derniers jours en raison des attaques d’Alain Juppé, s’est dit « rassuré par le débat d’idées » qui a eu lieu hier soir.

Le grand favori de la primaire affichait pour sa part une satisfaction sereine vendredi matin, sur l’antenne de RTL, parlant d’un « débat, dans l’ensemble, de bonne tenue malgré deux à trois jours de déchaînements ridicules et caricatures », allusion aux trois jours de critiques tous azimuts venues d’Alain Juppé, sur son programme économique et social comme sur l’IVG :

Cette séquence, « je pense que c’était à la fois contre-productif pour lui-même, contre-productif pour la droite et le centre dans leur ensemble, et surtout tellement caricatural que cela ne pouvait profiter à personne », a jugé M. Fillon qui tient meeting vendredi soir porte de Versailles à Paris.

Député européen et proche de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux a, lui, qualifié sur France Info de « difficile » son choix de soutenir François Fillon plutôt qu’Alain Juppé, pour qui il a « plus que de la sympathie », après l’élimination de Nicolas Sarkozy au premier tour.

  • Juppé tente de poursuivre l’offensive

Côté Juppé, où la virulence du maire de Bordeaux ces derniers jours avait été diversement appréciée, Hervé Mariton a jugé que le débat avait « permis de souligner le caractère opérationnel de son projet ». Le débat « peut être de nature à changer la donne », a pour sa part assuré Virginie Calmels, première adjointe du maire de Bordeaux.

Mais, après la relative accalmie lors du débat, Alain Juppé a tenté de repartir à l’offensive dès vendredi matin, sur l’antenne de BFMTV-RMC, se présentant comme le candidat « libéral-social » face à « l’hyperlibéral » François Fillon. Et de lancer à l’adresse de son adversaire :

« Je dis que le courage ce n’est pas la brutalité, et l’irréalisme ce n’est pas la crédibilité »

« Je préfère avoir le soutien de François Bayrou plutôt que celui de l’extrême droite », a également lancé le challenger. Le second tour de la primaire, « tout le monde le sent bien, c’est le premier tour de l’élection présidentielle » et « je pense que je suis mieux placé avec mon programme pour battre Marine Le Pen », a insisté M. Juppé dans une forme d’avertissement aux électeurs. Il a toutefois assuré vendredi matin qu’il soutiendrait son rival si celui-ci l’emporte dimanche, et même si le centriste François Bayrou décidait de se lancer dans la bataille.

M. Juppé a par ailleurs exprimé un regret, celui « de ne pas avoir suffisamment décortiqué le programme de certains de [s] es concurrents », avant le premier tour.

  • Hollande et Valls se concentrent sur Fillon

Au lendemain du débat et à 48 heures du deuxième tour de la primaire de la droite, c’est sur le grand favori de la primaire de la droite que François Hollande et Manuel Valls réagissaient, comme si celui-ci avait déjà gagné.

Le président lui a ainsi décoché quelques flèches, exprimant son opposition à la construction d’une « histoire officielle, un récit national, un roman », et a appelé à manier les « référendums » avec « prudence » et « retenue », en allusion à des propositions de François Fillon.

Dans les colonnes de Paris Normandie, le premier ministre Manuel Valls a quant à lui estimé qu’il ne fallait pas sous-estimer François Fillon, « un adversaire sérieux pour la gauche » :

« Il ne faut pas le sous-estimer, bien au contraire, car il pourra rassembler la droite »

Le numéro deux du FN Florian Philippot s’en est lui aussi pris à M. Fillon, estimant qu’il représentait « la ligne troïka » :

« Alors que le monde va dans le sens inverse (…), François Fillon lui il est en retard et il veut nous imposer le poison de la troïka, je trouve que c’est d’abord scandaleux pour les inégalités sociales et c’est contre-productif économiquement »