Bernard Accoyer répond aux questions des journalistes devant le siège du parti Les républicains à Paris le 29 novembre. | OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP POUR LE MONDE

Bernard Accoyer, 71 ans, montagnard et cycliste émérite, n’est pas homme à se dérober devant les difficultés. Quitte à endosser au pied levé des responsabilités auxquelles n’était pas a priori destiné cet oto-rhino-laryngologiste qui a adhéré au RPR au lendemain du 10 mai 1981 parce qu’il refusait de voir les communistes – les « cosaques », comme il les appelait arriver au pouvoir.

Mardi 29 novembre, deux jours après l’élection de François Fillon – qu’il soutenait – comme candidat à l’élection présidentielle, il a été nommé secrétaire général du parti Les Républicains (LR).

Aujourd’hui, Bernard Accoyer passe au sein de LR, pour un « sage », rompu aux missions délicates et habile négociateur. Il est vrai qu’au fil de sa carrière politique, il s’est forgé un parcours dont lui-même, il le confesse aisément, n’aurait jamais osé rêver. Elu à la mairie d’Annecy-le-Vieux en 1989 – il l’est toujours –, il devient député de Haute-Savoie en 1993. Il fait partie de cette génération de jeunes chiraquiens, recrutés dans les professions médicales, qui vont garnir les rangs de la droite dans les années 1990.

Sarkozystes contre villepinistes

Jusqu’alors cantonné aux seconds rôles, M. Accoyer connaît une première promotion inattendue lorsque Jacques Barrot, le président du groupe UMP (ancêtre de LR), de l’Assemblée nationale est nommé, en mai 2004, à la Commission européenne. Il hérite de la présidence d’un groupe alors en plein désarroi, et qui ne va pas tarder à se déchirer entre « sarkozystes » et « villepinistes ».

Il va devoir alors affronter la crise du contrat première embauche (CPE), au printemps 2006, qui mettra des centaines de milliers de personnes dans la rue, et il se retrouve, sans l’avoir voulu, en première ligne dans la discussion avec les organisations syndicales, dans un rôle de négociateur qu’il n’aurait jamais imaginé. Avec, à l’arrivée, un repli en belle et due forme du gouvernement.

En 2007, après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, il obtient son bâton de maréchal en accédant à la présidence de l’Assemblée nationale, à défaut du portefeuille ministériel à la santé qu’il convoitait.

Copé vs Fillon

Pas simple tant, alors, il est en permanence provoqué par le président des députés UMP, Jean-François Copé, et harcelé par une opposition de gauche qui sent la possibilité d’une alternance. Le moment le plus difficile pour lui sera atteint lorsqu’il devra quitter l’Hémicycle, après une nuit de débats houleux, sous la protection des huissiers, poursuivi par des députés de l’opposition à cran.

Revenu dans l’opposition, il va devoir à nouveau gérer une situation compliquée après l’élection contestée de Jean-François Copé à la présidence de l’UMP, fin 2012, contre son adversaire François Fillon, et la crise qui s’ensuit, jusqu’à la menace d’une scission. De nouveau, il endosse l’habit de négociateur et, finalement, les deux camps finissent par jouer l’apaisement.

Quand démarre la campagne pour l’investiture du candidat de la droite à l’élection présidentielle, Bernard Accoyer s’est immédiatement rangé au côté de François Fillon. Avec Gérard Larcher, le président du Sénat, et Bruno Retailleau, le président du groupe LR du Sénat, il forme la troisième pointe du trident politique de l’équipe du député de Paris. En attendant mieux.