Premier bilan positif sur l’emploi pour la garantie jeunes
Premier bilan positif sur l’emploi pour la garantie jeunes
Par Sarah Belouezzane
Le dispositif, souhaité par François Hollande, devait permettre de lutter contre le chômage et la précarité des moins de 25 ans.
François Hollande en avait fait une priorité. Quatre ans et demi après le début de son mandat, et quelques jours avant sa possible entrée dans la course présidentielle, difficile de dire si la promesse du chef de l’Etat de résorber le chômage des jeunes et les sortir de la précarité a été tenue. Force est de reconnaître, en revanche, que certaines initiatives ont été prises. C’est le cas de la garantie jeunes, un dispositif lancé en 2013 et visant à accompagner les 16-25 ans, pendant un an, de façon intensive dans leur recherche d’emploi en leur permettant de suivre des ateliers collectifs et en leur assurant une allocation mensuelle.
Mercredi 30 novembre, Myriam El Khomri, ministre de l’emploi, s’est vu remettre un rapport du comité scientifique chargé du suivi du dispositif. Estampillé « intermédiaire », le texte permet de se faire une première idée de l’effet de la garantie jeunes sur l’emploi des moins de 25 ans dans les premières zones où elle a été déployée.
D’après ses auteurs, « l’impact évalué est positif et très significatif » sur les jeunes qui en ont bénéficié : « Il est de 11,5 points de pourcentage sur le taux d’emploi global des jeunes bénéficiaires et de 9 points sur leur taux d’emploi en emploi durable », selon le rapport. En clair, quatorze mois après leur entrée dans le dispositif, ceux qui ont bénéficié du programme sont 9 % plus nombreux à être en CDD long ou en CDI que ceux qui correspondent aux mêmes critères mais n’ont bénéficié d’aucune aide.
Un résultat en phase avec les conclusions d’un rapport publié en octobre par la Cour des comptes. Laquelle estimait que les écoles de la deuxième chance et la garantie jeunes étaient les dispositifs les plus efficaces pour sortir les moins de 25 ans de la précarité et les remettre sur le chemin de l’emploi. Pour l’institution comme pour le comité de suivi de la garantie jeunes, tout tient dans l’intensité du suivi.
Allocation de 461,72 euros mensuels
Annoncé en janvier 2013 dans le cadre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, puis mis en place dans certains départements à partir d’octobre de la même année, le dispositif prévoit un « accompagnement collectif intensif sur plusieurs mois » des personnes enrôlées.
Accompagnés par les conseillers des missions locales (organismes chargés de la mise en place de l’initiative), les jeunes concernés participent à des ateliers, des réunions collectives de formation ou d’orientation et bénéficient d’un suivi particulier dans leur quête d’emploi. Ils doivent, en outre, s’immerger régulièrement en entreprise pour découvrir un monde qu’ils ne connaissent souvent que très peu, voire pas du tout.
Autre atout : l’allocation de 461,72 euros mensuels, une source de revenus inespérée pour des jeunes de moins de 25 ans qui, n’ayant pour certains jamais travaillé, n’ont pas droit au RSA ou aux indemnités chômage. Et viennent de milieux plutôt défavorisés.
« La garantie jeunes atteint bien le public visé, a d’ailleurs déclaré Mme El Khomri dans un discours à l’association régionale des missions locales, mercredi. Les jeunes sont bien en situation de précarité, plus des trois quarts d’entre eux ont un niveau de diplôme inférieur au bac, et plus du quart vivent dans un quartier politique de la ville. »
Selon le rapport, un cinquième des jeunes concernés a même quitté le système scolaire à 16 ans, parfois avant. Plus d’un tiers raconte avoir déjà eu d’importantes difficultés de logement, ne sachant pas où dormir le soir même.
Résultats « provisoires »
S’il se félicite des effets de la garantie jeunes, Jérôme Gautié, président du conseil scientifique de suivi du dispositif, prévient que ces résultats ne sont que « provisoires ». Il estime que la mesure pourrait être améliorée notamment par une simplification des conditions d’accès. Un commentaire auquel le ministère de l’emploi a répondu en permettant désormais aux missions locales de choisir elles-mêmes les jeunes suivis. Jusqu’ici, la décision appartenait à une commission d’admission départementale. Celle-ci devrait, tout de même, continuer à suivre la mise en place du dispositif. Les candidats à la garantie jeunes pourront dorénavant en bénéficier, même si toutes les pièces administratives ne sont pas encore réunies.
Il s’agit, pour le ministère, d’accompagner vers l’emploi 150 000 jeunes en 2017. 498 millions d’euros ont été mis sur la table pour financer le dispositif et obtenir des résultats. Le bilan sur lequel sera jugé François Hollande en dépendra.