Hollande tenté de régler ses comptes avec le remaniement
Hollande tenté de régler ses comptes avec le remaniement
Par Bastien Bonnefous
En cas de démission de Manuel Valls, qui doit annoncer lundi sa candidature à la primaire socialiste, le président devrait nommer un fidèle à Matignon pour finir son quinquennat.
François Hollande, à Abou Dhabi, le 3 décembre. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
« Président j’étais, président je suis, président je serai. Rien n’a changé », a glissé François Hollande, samedi 3 décembre, avant de quitter le sol des Emirats arabes unis pour rentrer à Paris. Le remaniement gouvernemental qui s’annonce dans les prochains jours – il pourrait intervenir mardi ou mercredi – va être l’occasion de le prouver.
L’entourage du président a fait savoir que le choix du chef du gouvernement pour succéder à Manuel Valls, une fois que celui-ci sera candidat à la primaire socialiste, relèvera uniquement de la volonté présidentielle. Une manière de sous-entendre que M. Valls n’aura pas son mot à dire quant à l’identité de son successeur.
Le dernier premier ministre du quinquennat doit répondre à des critères précis dans l’esprit de M. Hollande : « Efficacité, cohésion et confiance », liste son entourage. Mais les noms qui circulent prouvent que le président de la République, durant les cinq derniers mois de son mandat et alors que plus aucun texte d’importance doit être examiné au Parlement, n’a pas forcément l’intention de former un gouvernement qui pourrait venir en aide à M. Valls dans la primaire.
Solder des comptes
Ainsi, Jean-Yves Le Drian ne semble pas le mieux placé pour déménager à Matignon. Son rôle au ministère de la défense reste clé alors que la France est toujours engagée dans la lutte contre le terrorisme en Syrie et en Irak. Par ailleurs, il préside également la région Bretagne. Cumuler avec Matignon serait d’un mauvais effet pour un président qui se targue d’avoir mené la réforme du non-cumul des mandats. Mais surtout, M. Le Drian a poussé pour que le chef de l’Etat ne se représente pas, lui préférant M. Valls. Une inclination dont il pourrait pâtir. « Valls aimerait assez que ce soit Le Drian, pas sûr que Hollande lui fasse ce plaisir », expliquait ce week-end un ami du chef de l’Etat.
Le favori pour Matignon reste le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. Mais quitter la Place Beauvau alors que le risque d’un attentat reste élevé pose problème. Au point que l’hypothèse de cumuler exceptionnellement les deux fonctions a été étudiée. Pour lui succéder à l’intérieur, d’autres noms sont néanmoins évoqués, comme celui du maire de Dijon, François Rebsamen, ou du ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll. Deux fidèles du chef de l’Etat. M. Le Foll est également cité pour Matignon, comme la ministre des affaires sociales, Marisol Touraine, ou encore la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem.
Signe que M. Hollande pourrait solder des comptes à l’occasion du remaniement, le maintien de ministres PRG est questionné, après l’annonce de la candidature à la présidentielle de Sylvia Pinel. Tout comme celui de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, et très proche de M. Valls. « Hollande a envie d’avoir autour de lui des gens en qui il a totalement confiance », prévient un de ses interlocuteurs, qui ajoute, acide : « Dommage qu’Ayrault ait déjà été premier ministre, sinon ça aurait pu être la petite tape de Hollande sur l’épaule de Valls pour lui dire qu’il n’oublie rien. »