A la Maison Blanche, Donald Trump s’entoure de généraux
A la Maison Blanche, Donald Trump s’entoure de généraux
Par Stéphanie Le Bars (Washington, correspondance)
La proportion sans précédent de militaires dans l’équipe présidentielle commence à soulever des inquiétudes politiques, notamment côté démocrate.
Après avoir promis durant sa campagne de « renvoyer » un certain nombre de généraux américains, qu’il jugeait incompétents, le président élu Donald Trump semble désormais enclin à recruter les membres de sa future équipe au sein de la hiérarchie militaire.
Pas moins de trois généraux sont déjà pressentis à des postes stratégiques. Et d’autres nominations de militaires pourraient encore intervenir. Une situation inédite qui commence à soulever des inquiétudes politiques, notamment côté démocrate.
Le général John F. Kelly, choisi mercredi 7 décembre pour prendre la tête de la sécurité intérieure, est venu allonger la liste des gradés déjà sur les rangs pour entourer le président élu. Si sa nomination est confirmée, cet ancien Marine, âgé de 66 ans rejoindra le général James N. Mattis, nommé secrétaire à la défense ainsi que le général Michael T. Flynn, conseiller à la sécurité intérieure.
Et le nom de trois autres militaires de haut rang circule pour d’autres fonctions stratégiques : le général David H. Petraeus et l’amiral James Stavridis demeurent dans la liste des personnalités auditionnées pour le poste de secrétaire d’Etat tandis que l’amiral Michael S. Rogers pourrait devenir le directeur du renseignement national.
Ces choix, puisés au sein d’une institution que le président élu connaît principalement par le biais de sa scolarité dans un lycée militaire, contrastent avec certains propos du candidat Trump qui s’était montré critique envers l’armée et l’interventionnisme militaire des Etats-Unis à travers le monde.
« Pas des va-t-en guerre »
Mais, selon son entourage, ils correspondent aussi à la confiance que M. Trump aurait dans les soldats et à l’image qu’il en a : des professionnels efficaces, habitués aux prises de décision rapides, respectueux de la hiérarchie et souvent adeptes du franc-parler.
Mais ces profils divergent surtout de ceux choisis par ses prédécesseurs, au premier rang desquels, Barack Obama qui a eu davantage recours à des civils, venus du monde politique, universitaire ou judiciaire, pour assumer ces différentes fonctions.
L’un des rares généraux nommés dans son entourage, James L. Jones Jr, au poste de conseiller à la sécurité nationale lors de son premier mandat, avait été remplacé au bout d’un an et demi, cédant sa place à un civil. Le président Obama a, durant ses deux mandats, entretenu des rapports compliqués avec les chefs militaires et le Pentagone.
Si les qualités et l’expérience des hommes préférés par M. Trump ne sont pas mises en cause, le poids inégalé de militaires dans la prise de décision politique du président élu suscite des craintes.
Ainsi le sénateur démocrate Chris Murphy, membre de la commission des affaires étrangères s’est déclaré « inquiet ». « Nous avons appris au cours des quinze dernières années que lorsque l’on voit un problème mondial à travers une focale militaire, on commet de grandes erreurs », a-t-il rappelé. « Les généraux ont de nombreuses qualités, a aussi relevé Daniel Benjamin, un ancien responsable de la lutte contre le terrorisme au sein du département d’Etat, sous l’administration Obama, mais la diplomatie n’est pas la première d’entre elles. »
Nombre d’experts doutent en revanche que la proportion sans précédent de militaires dans l’équipe présidentielle multiplie les risques du recours à la force. Un point défendu par l’équipe de M. Trump. « Les militaires décorés ne sont pas des va-t-en guerre », a tweeté Anthony Scaramucci, l’un des responsables de l’équipe de transition. Ils comptent parmi les personnes les plus intelligentes, les plus disciplinées et les plus patriotiques du pays. »
Kelly jouit d’un grand respect au sein de l’armée
Personnellement éprouvé par la guerre, après la mort de son fils tué par une mine en Afghanistan, le général Kelly a effectué plusieurs missions en Irak et jouit d’un grand respect au sein de l’armée.
Mais, après le général Mattis, dont la nomination a plutôt rassuré les responsables politiques de tous bords, le futur responsable de la sécurité intérieure arrive avec une réputation de fermeté et des vues tranchées. Il s’est notamment opposé à M. Obama sur la fermeture de la prison de Guantanamo et s’est interrogé sur la pertinence d’ouvrir aux femmes tous les postes de combat dans l’armée, une décision voulue par l’administration sortante. Cela n’a pas empêché l’ancien secrétaire à la défense de Barack Obama, Leon Panetta de qualifier sa nomination « d’excellent choix ».
Mais ce sont ses positions et son expérience en matière d’immigration qui lui valent aujourd’hui ce poste, et qui le place en première ligne pour la défense des frontières et la lutte contre le terrorisme.
A la tête de la US Southern Command – chargée des actions militaires en Amérique centrale et en Amérique du sud, mais également confrontée aux questions d’immigration ou de crime organisé –, le général avait mis en garde contre les trafics de drogue et les réseaux de passeurs aux frontières sud des Etats-Unis. Il avait estimé lors de son départ, en janvier 2016, que « des organisations terroristes pourraient profiter de ces routes de contrebande » pour infiltrer des militants ou « des armes de destruction massive » aux Etats-Unis.
Dans le cadre de sa future mission, il sera aux avant-postes pour mettre en œuvre la politique migratoire du président élu, notamment la construction du « mur » ou de la « barrière » promise pour stopper l’immigration illégale à la frontière mexicaine.
- M. Trump nomme un patron de chaîne de restauration rapide au ministère du travail Donald Trump a nommé Andy Puzder ministre du travail, jeudi 8 décembre. Le PDG de CKE Restaurant, la maison mère des enseignes Carl’s Jr. et Hardee’s, s’est imposé ces dernières années comme un farouche adversaire de l’amélioration des conditions de travail des salariés dans la restauration et de la généralisation de la couverture santé. Conseiller de M. Trump pendant la campagne présidentielle, M. Puzder s’est toujours opposé à un relèvement du salaire minimum au-delà des 9 dollars de l’heure (contre 7,25 actuellement au niveau fédéral) quand Hillary Clinton promettait 12 dollars et Bernie Sanders, 15 dollars.