De l’art, de l’art et encore de l’art pour tout le week-end
De l’art, de l’art et encore de l’art pour tout le week-end
Chaque vendredi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de La Matinale une liste de sorties culturelles soigneusement choisies.
LA LISTE DE NOS ENVIES
Cette semaine, avant de rendre en famille dans l’un des quatorze musées de la Ville de Paris, on se presse au Centre Pompidou pour (re)découvrir l’œuvre souvent déconcertante de l’artiste américain Cy Twombly et au Carreau du Temple, pour pourquoi pas, commencer sa propre collection d’art contemporain. Cap ensuite sur Grenoble, pour admirer les variations parisiennes de Kandinsky puis sur Lille, pour une séance de Wax au Grand Bleu. Retour enfin vers la capitale où la Zulu Nation nous attend aux Halles.
ART. L’œuvre intense et déconcertante de Cy Twombly au Centre Pompidou, à Paris
Cy Twombly (1928-2011) a longtemps été un mythe. Invisible, inaccessible, il exposait à intervalles irréguliers des œuvres sur toile et sur papier, plus rarement des sortes de sculptures faites de bouts de bois et de branches peints en blanc. De sa vie, on ne savait que fort peu : Américain, il vivait en Italie depuis la fin des années 1950 et aimait voyager.
Son œuvre déconcertait par son apparente pauvreté : lignes nouées et dénouées ne représentant rien, graffitis obscènes représentant trop, suites de chiffres, crayonnages indéchiffrables, traces de doigts et de chiffon… Cette pauvreté formelle était d’autant plus déconcertante qu’elle allait de pair avec des titres nobles, tirés de la mythologie grecque, de l’histoire de la guerre de Troie et de celle de l’Empire romain ou de l’art classique.
Au fil des expositions, depuis vingt ans, ces éléments se sont rangés dans l’ordre chronologique et les interrogations ont eu leurs réponses. La rétrospective parisienne marque le terme de ce processus de dévoilement. Elle donne de la vie et de l’œuvre de Twombly une vision enfin précise et complète. Philippe Dagen
Centre Pompidou, galerie 1, Paris, 4e. Du mercredi au lundi, de 11 heures à 21 heures, 23 heures le jeudi. Entrée : de 11 € à 14 €. Jusqu’au 24 avril 2017.
SPECTACLE. Un roi entre ombres et lumières à l’International Visual Theatre, à Paris
Un roi sans réponse. | Paul Allain
Découvrir les coulisses d’un spectacle tout en gardant un œil sur la scène : c’est ce que propose aux enfants la Compagnie X ou Y avec Un Roi sans réponse, histoire racontée en théâtre d’ombres, images vidéo projetées et musique live.
Tandis que, de part et d’autre de la scène, deux jeunes hommes, dont l’un s’exprime en langue des signes, livrent au public ce conte de Jean-Baptiste Puech, inspiré de la légende arthurienne, des silhouettes humaines ou de marionnettes s’animent sur l’écran central où glissent et défilent étoffes chamarrées et objets divers. A gauche de la scène, le dispositif technique permettant ces effets d’ombres, de couleurs et de lumières, animé par deux artistes, est offert à la vue des spectateurs, qui peuvent ainsi découvrir qu’avec peu de moyens mais de l’imagination et beaucoup d’habileté on peut faire des merveilles !
Ce spectacle destiné aux petits est présenté à l’International Visual Theatre, à Paris, lieu ouvert à tous de recherche artistique, linguistique et pédagogique sur la langue des signes et les arts visuels et corporels. Sylvie Kerviel
International Visual Theatre, 7, cité Chaptal, Paris 9e. Jusqu’au 15 décembre. Vendredi 9 décembre à 19 heures, samedi 10 à 20 heures, dimanche 11 à 16 heures. De 6 € à 24 €.
ART. Les variations parisiennes de Kandinsky, à Grenoble
« Noeud rouge », 1936. | FONDATION MAEGHT/SAINT-PAUL-DE-VENCE
En 1933, peu de temps après l’accession au pouvoir d’Hitler, l’école du Bauhaus ferme définitivement. Les professeurs s’exilent ; Wassily Kandinsky (1866-1944) choisit la France. Il s’installe à Neuilly avec Nina. Quand le nazisme atteint Paris, Wassily et Nina Kandinsky, ayant entre-temps obtenu la nationalité française, se refusent à émigrer une fois encore.
En mars 1944, le peintre tombe malade. Il meurt le 13 décembre, à l’âge de 78 ans. Cette dernière période de son œuvre a longtemps été considérée avec moins d’intérêt que celles qui l’ont précédée. L’exposition au Musée de Grenoble prend le contre-pied de cette opinion, dans le dessein affirmé est de reconsidérer la décennie finale sans préjugés.
En une centaine d’œuvres sur toile et sur papier, accompagnées de documents, de correspondances et de livres, elle atteint ses buts : d’abord reconstituer aussi exhaustivement que possible la création et l’évolution de Kandinsky, ainsi que le réseau des amitiés et relations qu’il doit recomposer dans un Paris qu’il ne connaît guère à son arrivée, et, par les œuvres elles-mêmes, convaincre que Kandinsky est capable de se renouveler entre ses soixante-septième et soixante-dix-huitième années. Ph. D.
Musée de Grenoble, 5, place Lavalette, Grenoble. Du mercredi au lundi de 10 heures à 18 h 30. Entrée : de 5 € à 8 €. Jusqu’au 29 janvier.
ART. Les musées de la Ville de Paris ouvrent grand leurs portes aux familles
Visite guidée par un conteur, ateliers, spectacles et concerts… Les samedi 10 et dimanche 11 décembre, les quatorze musées de la Ville de Paris invitent les enfants à partir de 4 ans accompagnés de leurs parents à découvrir, gratuitement et sur inscription, leurs collections dans une ambiance festive.
Ainsi, au Musée Bourdelle, les petites mains pourront s’exercer au modelage lors d’un atelier (à partir de 10 ans), après avoir visité l’exposition « De bruit et de fureur ; Bourdelle sculpteur et photographe » (samedi de 14 à 17 heures). Au Musée Cernuschi, spécialisé dans l’art asiatique, les jeunes visiteurs sont invités à un spectacle d’ombres chinoises, L’Enfant magique et le Roi dragon (samedi et dimanche à 14 h 30 et 16 h 30). Ils pourront aussi s’initier à la calligraphie à la manière de Walasse Ting après avoir vu l’exposition qui lui est consacrée (samedi à 15 heures et dimanche à 16 h 30). S. Ke.
Tout le programme du week-end et les modalités d’inscription sur Parismusees.paris.fr
SPECTACLE. Magie de la cire au Grand Bleu, à Lille
WAX
Une immense coulée de cire jaune se métamorphose en invraisemblable terrain de jeu pour une jeune femme solitaire mais débordante d’imagination. La voilà qui tombe sous le charme de cette matière chaude et vivante qui recèle de multiples images et possibilités dissimulées dans ses plis. Elle se projette et dialogue avec les formes sur le fil d’un pas de deux qui s’emballe dans une ronde de personnages et d’histoires qui lui tiennent compagnie autant qu’à nous.
Avec Wax, le metteur en scène Renaud Herbin, formé à l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette de Charleville-Mézières, directeur du TJP, Centre dramatique national d’Alsace-Strasbourg, se livre à une équipée tout en finesse sur l’imaginaire du geste de chacun et l’art d’inventer un monde avec trois fois rien. Le spectacle, tout public à partir de 3 ans, en tournée en France, s’arrête jusqu’au samedi 10 décembre au Grand Bleu, à Lille. Rosita Boisseau
Grand Bleu, 36, avenue Marx-Dormoy, Lille. Vendredi 9 décembre à 15 heures, samedi 10 à 10 heures et 17 h 30. De 9 € à 13 €.
HIP-HOP. La Zulu Nation renaît aux Halles, à Paris
Tous les ans, la Zulu Nation, l’organisation pionnière qui a fédéré en 1974 toutes les disciplines de la culture hip-hop (graffiti, danse, djing et rap) fête son anniversaire à New York. Cette année, cela se passe exceptionnellement à Paris dans le nouvel espace culturel La Place, aux Halles, les 9 et 10 décembre.
Bon nombre des pontes de la Zulu américaine et européenne seront présents : le danseur Ken Swift, le graffiti-artiste T-Kid, le rappeur roi de l’improvisation Supernatural… et les responsables de l’organisation King Kamonzi, King Jaïd et Phil One. L’événement débute vendredi 9 par la présentation en archives vidéo et musicales du roman du journaliste français Laurent Rigoulet, Brûle (éd. Don Quichotte), qui raconte les débuts de DJ Kool Herc dans le Bronx, miné par les gangs et les incendies de ses immeubles. Il se poursuit samedi par la projection du film Beat Street, une battle de danse et le concert de Supernatural. Stéphanie Binet
La Place, 10, passage de la Canopée, Paris-1er. Entrée libre dans la limite des places disponibles.
ARTS. Une foire pour collectionneurs en herbe
Une oeuvre sans titre de Harald Stoffers (encre noire sur papier). | christian Berst art brut
Encore une foire d’art contemporain ? Oui, mais une foire pas comme les autres. Pour sa première édition, l’événement intitulé « Galeristes » et lancé par Stéphane Corréard (ancien galeriste, collectionneur, expert…) marque tout de suite sa différence : dans une scénographie de métal imaginée par l’architecte Dominique Perrault au Carreau du Temple, à Paris, les œuvres se nichent comme en des cabinets de curiosité, qui privilégient un dialogue intime avec l’œuvre d’art.
C’est tout l’objet de cette foire, concentrée sur vingt-six galeries : privilégier les marchands qui « connaissent sur le bout des doigts leurs artistes, les soutiennent et les produisent, mais sont aussi en relation directe avec leur public », dixit l’organisateur. Outre les stands de choix de Loevenbruck, Semiose ou Papillon, une sélection spéciale d’œuvres à moins de 1 000 euros, pour susciter de nouvelles vocations. Ou faire des cadeaux de Noël ! Emmanuelle Lequeux
Galeristes, Carreau du Temple, Paris-3e. Samedi 10 et dimanche 11 décembre, de 13 heures à 19 heures. 10 € et 5 €, gratuit pour les moins de 18 ans.