La recherche en thérapie génique oblige à une « remise en question permanente »
La recherche en thérapie génique oblige à une « remise en question permanente »
Par Diane Galbaud
Manageuse de projet au sein de la direction scientifique de l’AFM-Téléthon, Karine Charton évoque son quotidien au sein du laboratoire Généthon.
Karine Charton, manageuse de projet au sein la direction scientifique de l’AFM-Téléthon et chargée de recherche & développement depuis six ans au laboratoire Généthon (financé par l’AFM-Téléthon). | DIANE GALBAUD
Les 2 et 3 décembre, animateurs, artistes, malades et chercheurs ont défilé comme chaque année sur le petit écran pour collecter des dons contre les maladies rares. Un moment phare pour Karine Charton, 34 ans, chargée de recherche et développement depuis six ans au laboratoire Généthon (financé par l’AFM-Téléthon) et nouvellement promue manageuse de projet au sein de la direction scientifique de l’AFM-Téléthon. Dans un sourire, elle confie : « Avant d’entrer dans ce métier, j’avais l’image du chercheur seul et aigri, les cheveux hirsutes… Moi qui suis très sociable, j’avais un peu peur ! En fait, c’est l’inverse : on se regroupe autour d’une table deux ou trois fois par jour, il faut aimer le travail en équipe. » Entourée de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens et de doctorants, la jeune femme a pendant six ans partagé son temps entre la paillasse et l’ordinateur.
« Garder l’envie d’innover »
Titulaire d’un doctorat en biologie cellulaire et moléculaire et diplômée d’une école d’ingénieurs (Polytech Clermont-Ferrand), elle est spécialiste des dystrophies musculaires, autrement dit des dégénérescences progressives d’origine génétique. Son but est de mieux comprendre les fonctions des protéines qui font défaut à un muscle malade. Pour ce faire, un « gène-médicament » est inséré dans une cellule animale afin de produire une protéine, avec l’objectif de faire, par exemple, remarcher une souris. Le travail de Karine Charton consistait donc, au quotidien, à observer des cellules au microscope, à les cultiver dans des incubateurs ou à scruter des souris avec des appareils de bioluminescence. Un travail requérant rigueur et persévérance. « On ne doit jamais baisser les bras ! Il faut savoir se remettre en question et garder l’envie d’innover », souligne-t-elle. Avec l’expérience, ses activités ont évolué vers le management et la rédaction de publications (rapports d’activité, articles dans des revues scientifiques internationales…), le laboratoire ne mobilisant plus qu’un tiers de son temps. « La communication, écrite et orale, joue un rôle important dans ce métier », précise la jeune femme.
Aujourd’hui, ses missions consistent à suivre et à accompagner des recherches qui bénéficient de financements de l’AFM, menées par des laboratoires extérieurs, souvent publics. Son champ d’intervention concerne toujours les dystrophies musculaires, qui pourront peut-être bientôt être traitées par des thérapies géniques. Si des maladies oculaires peuvent être déjà soignées de cette manière, les muscles, eux, font l’objet de premiers essais cliniques. A quelle date un premier patient pourra-t-il bénéficier d’un traitement ? Selon Karine Charton, la récompense devrait arriver à l’horizon en 2018-2019…